Intervention de Ricardo Madeira

Réunion du 26 septembre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Ricardo Madeira, représentant la CFDT :

La CFDT n'a pas été suivie par l'ensemble du CCE lorsqu'elle a demandé une expertise sur la vision du groupe en juin 2011, ou un droit d'alerte fin décembre 2011. Nous sommes très inquiets de l'alliance avec General Motors (GM), qu'on nous présente comme salvatrice. Le rapport de l'expertise que nous avons demandée en mai au cabinet Secafi afin d'évaluer les conséquences positives et négatives de ce rapprochement n'a toujours pas été rendu. Nous sommes favorables à des réunions tripartites, mais elles doivent avoir lieu au niveau central de PSA, car les 8 000 suppressions d'emploi concernent l'ensemble du groupe et de nombreux sites, et lorsque les annonces avec GM seront faites, afin que nous puissions savoir à quels sites seront attribués les différents modèles.

La Peugeot 2008, qui sera fabriquée à Mulhouse, le sera également en Chine et au Brésil et le volume attribué à Mulhouse sera fixé en fonction du marché européen, ce qui suscite notre inquiétude quant au devenir du site : dans le cadre de l'alliance, ne pourrait-il pas se faire que le segment B soit fabriqué au Brésil et rapatrié en France, étant donné que, malgré les coûts logistiques, ces voitures seraient encore moins chères que si elles étaient produites en France ? Il faut maintenir un emploi stable en France.

Les syndicats ne sont pas inutiles et nous avons adressé au CCE de multiples demandes – qui ont été rejetées. Quant à la cogestion, le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a ce matin même évoqué la possibilité d'une réunion annuelle permettant aux partenaires sociaux et à la direction d'anticiper et de définir une vision claire de la stratégie. En revanche, il est inutile, comme le confirme le rapport Sartorius, de multiplier les réunions qui ne débouchent sur rien de concret pour les salariés.

À la CFDT, nous ne sommes ni partisans, ni neutres, mais nous défendons l'intérêt des salariés. Les 8 000 suppressions de postes annoncées concernent l'ensemble des salariés de PSA, quelle que soit la région où ils travaillent et par quelque bord politique que soit dirigée cette région. C'est inquiétant.

J'étais à Rennes le 13 septembre. Dans le cadre syndical, nous travaillons avec des unions régionales interprofessionnelles (URI) et des représentants mandatés pour le site et pour la région, ainsi qu'avec les représentants des sous-traitants, dans une harmonie syndicale.

Assistons-nous, comme l'ont évoqué certains, à une fuite en avant, voire à un sauve-qui-peut ? On observe en effet, comme l'ont annoncé au début de l'année MM. Varin et Martin, une surcapacité en Europe et en France, à quoi s'ajoutent l'alliance avec GM et la disparition du segment B. Quant au dialogue social, il reste insuffisant : alors que, selon les mots mêmes de M. Varin, il devrait être exemplaire chez PSA, nous apprenons tout par la presse.

Pour intégrer le coût des 8 000 emplois supprimés dans le plan stratégique, encore faudrait-il posséder un tel plan. Nous demandons depuis un an à avoir une vision claire de la stratégie de PSA et de l'attribution aux différents sites des modèles à produire. Lundi dernier, en réunion de comité d'établissement, le directeur du site de Mulhouse indiquait que rien n'est prévu après la production de la C4. Tous les sites de PSA sont susceptibles d'être menacés à un moment ou à un autre, car l'entreprise les mettra en compétition entre eux. Lorsqu'elle le fera aussi avec les sites de GM en Europe ou hors d'Europe, la situation sera encore plus inquiétante.

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