Intervention de Philippe Darmayan

Réunion du 13 mars 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Philippe Darmayan, président de la Fédération française de l'acier :

Concernant Florange, M. Mittal s'exprimera devant vous.

Concernant les annonces de Duferco dont j'apprends aujourd'hui que c'était l'acheteur potentiel, il est facile, lorsque l'on achète un haut-fourneau pour rien, sans avoir à apporter de capital et sans devoir amortir quoi que ce soit, de faire des prix ! Duferco, qui par ailleurs a arrêté ses installations de Charleroi, peut en effet profiter d'une aubaine. Je rappelle néanmoins la problématique : la capacité de production est confrontée aux besoins du marché et, en l'occurrence, c'est le marché qui commande. La question, ce n'est pas celle de Florange ou de Liège : c'est celle de la réduction de la capacité. L'idée d'ArcelorMittal était d'exploiter jusqu'à saturation les installations ouvertes et de fermer ou de mettre sous cocon les autres. Il s'en est suivi une analyse assez longue des unités présentes en Europe, en fonction des histogrammes de coût, etc. Des fermetures sont intervenues en Pologne et dans d'autres pays. Nous n'avons rien contre Florange. Le fait est que la production européenne est trop importante et qu'il faut la limiter. Il ne sert à rien de donner les installations à un concurrent qui, n'ayant rien à amortir, s'empressera de casser les prix et de pénaliser l'ensemble du marché. Un marché de commodité n'est pas un marché de spécialité : une baisse de prix y produit un impact sur la totalité du marché.

À mon avis, c'est cela qui n'a jamais été vraiment compris en France s'agissant de la fermeture de Florange. Il ne s'agit pas d'une décision dirigée contre ce site ou d'une négation de ses qualités, mais de la constatation qu'il y a trop de capacités de production et de la volonté de saturer les sites ouverts plutôt que de répartir la misère. La décision stratégique a été difficile à prendre.

Du reste, la question remonte au temps de M. Dollé, qui avait programmé la fermeture des sites de Liège et de Florange. À son arrivée, M. Mittal a bien entendu exploité les installations qu'il avait reprises ; puis la crise est survenue. Il s'agit d'un enchaînement, il ne faut y voir aucun projet machiavélique. Nous sommes dans une économie donnée et nous devons nous y adapter car il y va de la santé de nos entreprises.

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