Quel lien peut-on établir entre le vieillissement et la pratique religieuse ? Est-il exact qu'une fois à la retraite, les immigrés souhaitent consacrer plus de temps à l'exercice du culte, et faut-il en faciliter les modalités ? Ce problème ne semble pas prioritaire pour les chibanis des foyers de travailleurs migrants, d'autant qu'il existe aujourd'hui davantage de mosquées qu'il y a quelques années.
Vous avez évoqué la dichotomie entre islam villageois et islam urbain ; mais n'en existe-t-il pas une autre entre l'islam des parents et celui des plus jeunes ? Vous semblez dire d'un côté que les plus anciens sont plus attachés au respect de la pratique religieuse et de l'autre que l'islam urbain, entraînant une forme de pratique plus collective, exerce un contrôle social plus étroit que l'islam villageois qui laissait à chacun une liberté d'interprétation. Ces deux idées n'entrent-elles pas en contradiction ?
Le temps de la retraite, vous l'avez souligné, correspond au moment de la vie où le croyant peut effectuer un pèlerinage. Cette pratique se déroule-t-elle aujourd'hui dans des conditions satisfaisantes ou bien, face aux abus que vous semblez évoquer, faudrait-il en améliorer la réglementation et le contrôle ?
En matière de droit funéraire, la part des personnes souhaitant se faire enterrer dans leur pays d'origine a-t-elle évolué depuis dix ans ? Le nombre de 300 « carrés confessionnels » dans les cimetières français, souvent avancé, correspond-il à la réalité ? Quelque 70 % des immigrés âgés sont de confession musulmane et issus des pays du Maghreb ; d'autres religions sont-elles concernées par la question des rites funéraires ? Existe-t-il des études évaluant les besoins et les demandes des populations immigrées dans ce domaine ?
En tant qu'élu local, je sais d'expérience que les maires ayant aménagé un « carré confessionnel » font face à l'afflux des demandes de la part des résidents des communes voisines qui n'offrent pas la même possibilité. Comme en matière de logement social, le fait de jouer le jeu républicain soumet leurs villes à la pression ; pourtant, s'ils souhaitent privilégier les habitants de leur propre commune, ils ne peuvent que rejeter les demandes des résidents extérieurs et doivent donc assumer une position inconfortable face au deuil des familles. Pour limiter cet effet pervers, il faudrait sensibiliser la population aux règles du jeu, et les maires qui n'en ont pas encore pris conscience, au fait qu'il est nécessaire d'offrir aux personnes qui le demandent la possibilité d'être inhumées dans un espace confessionnel.