Toutes les études statistiques montrent que, quel que soit le culte, la pratique religieuse augmente avec l'âge, mais l'exercice du culte dans les foyers ne constitue pas le souci principal des chibanis. L'existence des salles confessionnelles représente en revanche un problème pour les foyers eux-mêmes, du point de vue de la gestion comme du respect du principe de laïcité : jadis utilisées ponctuellement par les résidents dans le cadre d'activités variées, certaines salles se sont progressivement ouvertes au public extérieur, tout en devenant un lieu de culte permanent.
La pratique de l'islam a indéniablement évolué, sous l'effet combiné de la mutation sociologique de l'immigration et du contexte international, l'appropriation de la religion acquérant une valeur identitaire. Gilles Kepel – qui a popularisé, dans son ouvrage Quatre-vingt-treize, la distinction entre l'islam des parents et celui des jeunes – parle d'« extension du domaine du halal » pour évoquer la nouvelle emprise du religieux sur des domaines qui n'y étaient auparavant pas soumis : désormais, on « voyage halal », on fréquente des « filières halal », et plus généralement on « vit halal ». Il ne s'agit toutefois que d'une des modalités de la pratique, les islams restant très divers.
Le pèlerinage – correspondant à un acte de purification – s'effectue traditionnellement en deuxième partie de vie. La Mecque accueille quelque 1,3 million de pèlerins par an, dont 20 000 à 30 000 Français. Les vieux pèlerins, qui en constituent le groupe le plus important, sont généralement encadrés par des agences, la délivrance du visa spécifique par l'Arabie Saoudite nécessitant en théorie de disposer d'un accompagnateur et d'une réservation d'hôtel sur place. En pratique, ces règles sont souvent contournées, certains opérateurs de marché n'hésitant pas à vendre des prestations inexistantes. Il conviendrait de renforcer le contrôle de ces opérations sur le territoire français, car un prestataire de service de voyages est tenu de respecter les conditions du contrat.
La proportion de personnes souhaitant se faire enterrer en France semble avoir augmenté, mais comme pour d'autres enjeux concernant les immigrés âgés, il est difficile d'avancer des chiffres précis. Le Défenseur des droits qui a travaillé sur l'évaluation des places dans les « carrés confessionnels » a également constaté le besoin d'un matériau statistique plus fiable.
En 2010, le recensement auprès des préfectures a révélé l'existence de 200 « carrés musulmans » et d'une centaine de « carrés juifs » – soumis à des prescriptions religieuses fortes en matière de perpétuité des concessions – dans les cimetières des communes françaises. Il existe également des cimetières confessionnels musulmans et juifs ainsi que quelques cimetières protestants ; cependant, depuis les lois sur le service public funéraire, si les cimetières confessionnels existants demeurent, on ne peut plus en créer de nouveaux.