Intervention de Jean Grellier

Réunion du 20 mars 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Grellier, président :

Nous accueillons, ce matin, Mme Béatrice Charon, présidente de l'Association française de l'aluminium (AFA), qui est également vice-présidente de la société Constellium. Elle est accompagnée de Mme Caroline Colombier, déléguée générale de l'association, et de M. Olivier Dufour, directeur des relations institutionnelles de Rio Tinto Alcan. C'est au titre de l'AFA, une organisation représentative du secteur dans sa globalité, que nous allons les entendre.

S'agissant des problèmes particuliers des sites de production français, la commission entend effectuer, comme je viens de l'indiquer, un déplacement en Savoie au cours du mois d'avril, dont les modalités sont en cours de préparation.

L'industrie de l'aluminium a, en France, une origine historique : c'est au milieu du XIXe siècle que fut coulé, pour la première fois, un petit lingot d'aluminium dans un laboratoire de l'École normale supérieure. Puis un brevet a été déposé, il y a cent vingt sept ans, concernant l'électrolyse, qui a permis une production industrielle selon le procédé « Hall-Héroult ». Ainsi, notre pays a longtemps été à la pointe de cette industrie avec le groupe puissant que fut Pechiney. La situation a toutefois considérablement évolué. Aujourd'hui, il n'existe plus que deux sites de production d'aluminium primaire, l'un à Dunkerque, l'autre à Saint-Jean-de-Maurienne. Toutefois, le secteur de l'aluminium regroupe dans son ensemble de nombreuses autres entreprises spécialisées.

Au niveau mondial, le marché de l'aluminium apparaît un peu moins déprimé que le marché de l'acier, du moins si on se réfère aux prévisions de grands producteurs qui prévoient une augmentation de 7 % de la demande mondiale en 2013, après une progression de 6 % l'année précédente. Vous nous préciserez sans doute, madame, si les pays émergents, notamment la Chine, sont désormais des concurrents aussi présents dans vos activités qu'ils le sont dans la sidérurgie. Au passage, je précise que cette commission d'enquête était, au départ, consacrée à l'avenir de la sidérurgie en France et en Europe puis qu'elle a été élargie à la métallurgie. Il semble néanmoins que la production d'aluminium puisse encore se développer dans des pays développés à hauts coûts salariaux, comme la Norvège ou le Canada, deux pays qui, il est vrai, disposent d'atouts avec des ressources énergétiques exceptionnelles. À cet égard, nous attendons que vous nous apportiez des informations plus précises sur les handicaps énergétiques qui affecteraient la production française, et les éventuelles responsabilités dans cette situation de la politique de l'énergie de l'Union européenne ou encore des fournisseurs français d'électricité.

Au regard des perspectives industrielles de l'aluminium, qui est traditionnellement considéré comme un matériau noble, la commission souhaite également connaître ce que des industries comme l'automobile, l'aéronautique ou encore le ferroviaire attendent des producteurs. La disparition, voire l'effacement progressif, d'une production d'aluminium en Europe ne leur ferait-elle pas encourir une incertitude concernant leur approvisionnement et même un risque de dérive en termes de prix ?

Avant de vous laisser la parole, et conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relatif aux commissions d'enquête, je vais vous demander de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Veuillez, tous les trois, lever la main droite et dire : « Je le jure ». (Mme Béatrice Charon, Mme Caroline Colombier et M. Olivier Dufour prêtent serment.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion