Intervention de Christian Hutin

Réunion du 20 mars 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Hutin :

Nous sommes au coeur de la raison d'être de cette commission d'enquête. En plus des 10 000 emplois directs, avez-vous une idée du nombre des emplois indirects liés au secteur de l'aluminium ? Avec l'activité que la bauxite procure au port de Dunkerque et la maintenance de l'ensemble des usines qui doit être assez importante, on doit largement dépasser les 10 000 emplois indirects. J'ai le sentiment, partagé, je crois, par beaucoup ici, qu'il y a une forme d'urgence. Pour une fois, ce n'est pas le coût de la main-d'oeuvre qui est en cause, mais celui de l'électricité qui présente un déséquilibre sur le plan international. Grossièrement résumé, je retiens de la conférence qu'a donnée Arnaud Montebourg que lorsque vous voulez une usine d'aluminium au Canada, on vous offre un barrage ; en France, on vous propose un rendez-vous avec la Commission européenne qui fait souvent barrage. Je dis cela parce que je suis intervenu, comme Michel Delebarre et beaucoup d'autres députés, avec le consortium Exceltium pour tenter de faire comprendre à l'Europe qu'il faut avancer.

À votre avis, que peut faire le gouvernement français ? Nous ne souhaitons pas forcément, comme l'Allemagne, faire payer les particuliers. D'autres moyens existent-ils dans d'autres pays pour faire baisser le coût de l'énergie ? Il est quand même malheureux qu'une usine installée à Dunkerque, à côté de la plus grande centrale nucléaire d'Europe, ne puisse pas bénéficier de tarifs privilégiés, surtout compte tenu de l'impact que cela pourrait avoir sur l'emploi. Est en question aussi l'indépendance stratégique nationale. On ne produit plus en France que 1 % de l'aluminium mondial.

Quant au problème du carbone, il me ramène encore à l'Europe. Je suis président d'une association de surveillance de la qualité de l'air, je l'ai été au niveau national et je suis donc très attentif à ce sujet. Certains pays n'abordent pas tout à fait de la même manière la surveillance de la qualité de l'air ni ne respectent les directives européennes. Les pays de l'Est, en particulier, n'ont globalement pas une analyse aussi stricte que la nôtre. Il y aurait de quoi faire pour parvenir à une uniformisation au niveau européen, car nous sommes très pénalisés. Cela vaut aussi pour les enquêtes publiques. À Dunkerque, une enquête publique pour un terminal méthanier est conduite pendant longtemps et de manière citoyenne, alors qu'à côté, en Belgique, on construit d'abord et on mène l'enquête après. Or les ports belges nous font fortement concurrence.

Puisque nous sommes dans une commission d'enquête nationale et pas européenne, que peut faire le Gouvernement de la France pour lutter contre ces injustices industrielles qui entraînent des injustices sociales et des pertes d'emplois, ainsi qu'une perte d'indépendance de notre pays dans un secteur stratégique ? Un pays qui ne produit plus d'aluminium ne peut pas, à mon avis, rester indépendant, a fortiori s'il a une industrie aéronautique et de transport.

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