Intervention de Michèle Bonneton

Réunion du 20 mars 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Bonneton :

J'ai le sentiment, s'agissant des barrières anti-dumping, que tous les pays européens ne sont pas d'accord avec la France pour les mettre en place. Certains commercent beaucoup avec la Chine et craignent certainement des mesures de rétorsion commerciale, ce qui expliquerait les réticences de la Commission européenne. Toutefois, des aménagements ponctuels pourraient peut-être être apportés dans le secteur qui nous occupe aujourd'hui.

Pour l'aluminium primaire, le transport est-il une barrière au commerce international ? S'agissant de l'acier, on a compris qu'il était préférable de le fabriquer pas trop loin des lieux de consommation. En est-il de même pour l'aluminium ou bien son coût très élevé rend-il celui du transport négligeable ?

Je crois savoir que nos principaux concurrents européens sont l'Allemagne et certains pays du nord de l'Europe, sans plus. Pouvez-vous apporter des précisions ? Quels sont les facteurs qui favorisent cette concurrence ?

Vous avez expliqué que les grands groupes à structure verticale s'étaient scindés en de multiples entreprises, passant à une concentration horizontale. De ce fait, est-il encore pertinent de parler de filière ? Si oui, est-il nécessaire de l'organiser et comment procéder ? Qu'attendez-vous des pouvoirs publics dans ce domaine ?

Même si la croissance de la consommation nécessitera toujours de fabriquer de l'aluminium primaire, le recyclage me semble un formidable atout à développer : 45 % d'aluminium recyclé, cela laisse des marges de manoeuvre. Où trouve-t-on de l'aluminium à recycler ? Ne faudrait-il pas faciliter le recyclage des déchets ménagers, compliqué par divers ajouts de matériaux, en discutant avec les industriels de l'écoconception des produits ?

Dans le processus de fabrication, quels sont les produits polluants ? L'électrolyse de l'alumine ne dégage pas, à connaissance, de dioxyde de carbone ou alors de façon extrêmement marginale. Il n'y a pas d'atome de carbone dans l'alumine. Si le dioxyde de carbone peut être considéré comme polluant au titre du réchauffement climatique, il ne l'est pas pour la santé. Actuellement, le coût de la tonne de carbone est à son plus bas historique. Cela a-t-il vraiment un impact sur le coût de la fabrication de l'aluminium ? Je suis sceptique.

Permettez-moi, monsieur Dufour, de vous interroger au titre de vos responsabilités chez RTA. Quelle est la politique de l'entreprise en ce qui concerne l'innovation et la recherche ? À ma connaissance, dans ce domaine, les effectifs devraient être réduits du tiers, aussi bien à Saint-Jean-de-Maurienne qu'à Voreppe, tant en recherche qu'en fonction support. Selon mes informations, ces coupes devraient intervenir à l'automne prochain. Voilà qui est inquiétant pour la recherche de haut niveau développée à Voreppe en particulier – que je connais mieux pour en être la députée –, et augure mal de l'avenir de l'ensemble des activités liées à l'aluminium en France. Par ailleurs, les sites Constellium et RTA à Voreppe étant très proches physiquement et très liés, si l'un était en péril, l'autre pourrait être mis en difficulté.

S'il est indéniable que RTA est gêné par le coût de l'énergie, il semble quand même que ses activités liées à l'aluminium en France soient rentables. L'entreprise envisagerait de se recentrer sur son coeur de métier que sont les activités minières, qui sont nettement plus rentables. L'activité aluminium est beaucoup plus récente et ne semble pas considérée comme une bonne affaire.

Quand on parle de nucléaire, je ne peux que me sentir interpellée. J'observe d'ailleurs, au passage, que les centrales comportent beaucoup d'aluminium. Il faut être très prudent avec la prolongation de la durée de vie des centrales. On ne peut pas négliger les coûts d'un accident éventuel, qui pourraient représenter 500 milliards d'euros. Sachant que Tchernobyl a déjà coûté nettement plus de 1 000 milliards d'euros, on ne peut pas faire totalement l'impasse sur ce genre de perspective.

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