Intervention de Béatrice Charon

Réunion du 20 mars 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Béatrice Charon, présidente de l'Association française de l'aluminium, AFA :

Que l'aluminium soit transporté partout dans le monde ou plutôt de façon régionale dépend essentiellement des différentiels des coûts de production. Quand la différence est très faible, la provenance reste très régionale ; dès que les différentiels augmentent, compte tenu de la faiblesse des coûts de transport, on passe très facilement d'un continent à l'autre. On voit bien les flux s'inverser sur certains produits entre l'Amérique du Nord et l'Europe, en fonction des coûts. Globalement, l'aluminium se transporte très facilement et, en fonction des différentiels des coûts de production, il peut venir de très loin.

S'agissant de la concurrence européenne, je vous propose de reprendre la planche 22 de l'étude Roland Berger. Sont en présence : Rio Tinto Alcan, présent aussi bien en France que dans d'autres pays européens et en Islande ; le russe RUSAL ; l'anglo-australien BHP Billiton ; Alcoa ; le norvégien Hydro. La concurrence est donc assez large et livrée avec les armes de chaque pays. Elle est moins liée à la société elle-même qu'à la situation du pays dans lequel sont localisées ses activités, notamment au coût de l'énergie. Dans la transformation, Constellium est une société très présente en France, en Allemagne, en Suisse, en République tchèque et en Slovaquie ; Novelis est un lamineur très présent en Allemagne ; SAPA est un fileur d'origine suédoise très présent dans toute l'Europe ; Alcoa n'a plus d'activité de filage, à l'exception du filage dur, en Europe ; outre l'aluminium primaire, Hydro a des activités de laminage ainsi que de filage, ces dernières étant sur le point d'être fusionnées avec celles de SAPA. Le secteur du filage compte énormément de sociétés plus petites, certaines même de taille familiale. La concurrence européenne est donc assez large et je ne pense pas qu'avec un tel nombre de sociétés, on puisse se retrouver en situation de cartel.

Compte tenu des préoccupations différentes des transformateurs et des producteurs d'aluminium primaire, on peut, en effet, s'interroger sur la pertinence d'une filière couvrant de haut en bas le cycle de l'aluminium. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'est pas possible de faire des choses ensemble, et c'est ce à quoi nous allons réfléchir dans le cadre de la table ronde lancée par Arnaud Montebourg. Cela dit, la scission s'est faite assez naturellement. Ce n'est pas par hasard qu'on est passé de sociétés intégrées verticalement à une concentration horizontale.

En matière de recyclage, le renforcement de la réglementation nous incite à réfléchir à la conception des produits pour que les matériaux en fin de vie puissent être séparés plus facilement. Nous y souscrivons totalement tant pour l'automobile que pour le bâtiment ou une quantité d'autres applications. Cela faciliterait certainement le recyclage. Partout où l'aluminium est en gros morceaux, il est récupéré et recyclé. L'affaire est plus compliquée quand il est présent en petites quantités et mélangé à d'autres matériaux.

L'électrolyse de l'aluminium est effectuée au moyen d'une électrode en carbone qui attire l'oxygène contenu dans l'oxyde d'aluminium et rejette du CO2. C'est le procédé lui-même qui est émetteur de CO2, lequel n'est pas, en effet, dangereux pour la santé dans des conditions de concentration normales.

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