Intervention de Alexis Bachelay

Réunion du 18 avril 2013 à 14h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Bachelay, rapporteur :

L'un d'entre vous a souligné la rigueur intellectuelle des travaux menés au sein de la Mission. Mais il convient de saluer tout particulièrement la rigueur des intervenants, dont la vôtre. Par la qualité de vos exposés, vous avez éclairé nos travaux. Je reviendrai sur plusieurs points.

En premier lieu, je voudrais savoir comment a été perçue l'immigration des pays tiers, depuis les années soixante, tant par les élus, les administrations que par l'opinion publique en général. En quels termes cette question a-t-elle émergé dans les discours publics ? Vous l'avez dit, très peu de recherches ont été menées sur ce thème. Pourtant, dès les années soixante-dix, un certain type de discours s'était développé autour des questions migratoires, alors même que l'on méconnaissait totalement la réalité de cette immigration.

En deuxième lieu, comment les employeurs et les pouvoirs publics ont-ils organisé l'immigration de main-d'oeuvre ? C'est un aspect assez méconnu. Or il semble que les acteurs économiques aient largement et efficacement contribué à la venue de ces migrants, par exemple en mettant en place des filières et des bureaux de recrutement.

En troisième lieu, Mme Pitti a parlé du cantonnement de ces immigrés aux échelons les plus bas de l'entreprise. Auriez-vous, dans vos études, quelques cas de migrants ayant bénéficié de promotions professionnelles ? Comme vous l'avez fait remarquer, il ne faut pas présenter exclusivement les travailleurs migrants comme des victimes passives, ni parler que de ce qui n'a pas fonctionné.

En quatrième lieu, quelles étaient les durées habituelles d'emploi dans l'industrie ? Il semble que les travaux de chercheurs remettent en cause l'idée d'une « noria » nord-africaine ou subsaharienne, faite de brefs séjours en France et d'allers et retours permanents.

Enfin, vous avez, à différents titres, la charge d'écrire cette histoire de l'immigration. Comment éviter les clichés et une certaine « folklorisation » en raison du manque de travaux anciens ? Avez-vous identifié des risques d'assignation identitaire ? Comment liez-vous l'histoire des populations immigrées à l'histoire nationale, au-delà des polémiques politiques qui entourent malheureusement ces questions ? En d'autres termes, comment réintégrer ces populations dans le récit national, qui semble actuellement en panne ? Il me semble que celui-ci repartirait sur de bonnes bases si la France s'acceptait telle qu'elle est, si elle reconnaissait enfin l'apport de ces populations. Notre identité multiculturelle représente une opportunité nouvelle de développement, et non une menace comme cela ressort malheureusement trop souvent du discours public.

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