Intervention de Ahmed Boubeker

Réunion du 18 avril 2013 à 14h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Ahmed Boubeker, professeur de sociologie à l'Université Jean Monnet de Saint-étienne :

Je vais commencer à répondre à cette question, en tant qu'« ancien Algérien » – du moins jusqu'à ma naturalisation.

En collaboration avec Alain Battegay, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), nous avons publié en 1993 un ouvrage intitulé Les images publiques de l'immigration. Nous y reprenons cette thématique de l'image de l'immigration algérienne et maghrébine en général, du point de vue des médias et, plus largement, de la société française et nous retraçons l'évolution de ce rapport à l'image.

Malgré tout ce qui avait été vécu après la guerre d'Algérie, l'immigration demeure invisible jusqu'aux années soixante-dix, période marquée, notamment, par les attentats et les crimes racistes de Marseille. C'est d'ailleurs l'État algérien qui, de manière unilatérale, arrête l'immigration algérienne avant même que la France ne mette fin à l'immigration. L'opinion publique commence alors à changer, et une vraie peur s'installe. Un fantasme revient, qui réactualise tous les schémas relatifs à la guerre d'Algérie ?

Pour ma part, je dirai que ce sont les années quatre-vingt qui ont véritablement changé la perspective avec la découverte de la génération issue de l'immigration – c'est la question des banlieues – et l'apparition des beurs sur la scène publique – nous allons fêter les trente ans de « la marche pour l'égalité ». À partir de cette période, la société française prendra conscience de sa dimension multiraciale et multiculturelle. J'en veux pour preuve un premier débat organisé par les pouvoirs publics sur la dimension multiculturelle de la société française. Avec l'émergence du Front national, l'immigration devient un enjeu politicien.

Par la suite, toutes les questions liées à l'islam marquent l'opinion publique. Mais c'est depuis les années quatre-vingt que s'est instauré un débat public, qui ne prend pas toujours les formes les plus apaisées au point qu'on a l'impression de ne pas s'en sortir. On reprend les mêmes clichés, les stéréotypes demeurent et, concrètement, la situation n'évolue pas très bien. D'ailleurs, depuis l'étranger, les gens ne comprennent pas ce qu'est ce dialogue franco-français sur l'immigration.

La Mission examine la situation des vieux immigrés qui, finalement, n'a pas beaucoup avancé depuis les années de croissance. Quant à la situation des jeunes dans les quartiers, elle n'a pas beaucoup avancé non plus.

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