Les entreprises ont également bien du mal à ouvrir leurs bureaux à des sociologues, des anthropologues, des ethnologues, pour répondre à des entretiens semi-directifs.
Je terminerai par la dernière question du rapporteur. Il y a certainement, dans la mise en place des dispositifs des musées parisiens, un risque de « folklorisation » et de parcellisation – la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, lancée avec un fond d'archives assez réduit, a opté pour une politique tournée délibérément vers l'art contemporain, tandis que le musée Branly, pour des raisons liées à l'histoire coloniale, a le devoir d'ouvrir ses collections.
De grandes expositions, que l'on n'a jamais vues en France, ont été montées aux États-Unis. Je pense notamment à une immense collection photographique constituée à partir des années soixante par les Menil de Houston, qui se trouve maintenant à la Fondation Du Bois et qui a fait l'objet d'une exposition à Baltimore, puis à Princeton, sous le titre : La représentation du noir dans l'art occidental. Je pense que c'est tout à fait le type d'expositions qui permettrait d'avoir un autre regard sur l'immigration, sur une perspective plus longue. En effet, un regard trop centré, trop présentiste, fait courir le risque d'une certaine folklorisation.