L'association « Génériques » a été créée il y a vingt-cinq ans par un groupe de militants inquiets de la disparition progressive de ceux qui constituaient l'histoire de l'immigration en France.
Craignant que cette histoire soit exclue de celle de notre pays, alors même qu'elle en est l'une des composantes, ils ont créé une association afin de regrouper les documents sur les combats menés par les migrants, les grèves de la faim, les luttes pour les droits, les manifestations.
Parmi les nombreuses initiatives qui ont été prises par l'association, je citerai la création du Guide des sources sur l'immigration en France, l'organisation de grandes expositions patrimoniales et le travail entrepris par M. Driss El Yazami, délégué général de l'association et l'un de ses fondateurs, et M. Rémy Schwartz, dans leur rapport pour la création d'un centre national de l'histoire et des cultures de l'immigration.
Ce rapport, qu'ils ont remis à M. Lionel Jospin, alors Premier ministre, est à l'origine de la création de la Cité nationale. Nous nous réjouissons de son existence. S'il n'a eu aucune portée politique, du moins jusqu'à une date récente, il montre l'importance que notre pays attache à la préservation de cette mémoire et à son inscription dans notre histoire collective.
Ces vingt-cinq années se sont articulées autour de la sauvegarde et du sauvetage de la mémoire de l'immigration. Cette démarche nous a amenés à décoller, en vue d'assurer leur préservation, des affiches de manifestations – pour des droits, des papiers, la reconnaissance, la protection contre les brutalités policières. Nous avons constitué un fonds patrimonial, que nous entendons valoriser et diffuser. Une association comme la nôtre ne peut se contenter de préserver un patrimoine, elle se doit de le faire connaître. C'est l'une de nos missions.
Une autre de nos missions consiste à favoriser l'accès à la culture de populations qui en sont éloignées. Nous aspirons en effet à restituer aux populations immigrées ou issues de l'immigration la complexité et la plénitude de leur histoire. Pour cela il est important de faire connaître, au-delà du folklore, leurs propres pratiques culturelles. Tel était l'objet de l'exposition que nous avons organisée à la Cité nationale, intitulée Générations, un siècle d'histoire culturelle des Maghrébins en France.
Nous nous attachons particulièrement à la sauvegarde de l'histoire des chibanis et des immigrés âgés de manière générale. Il en va de la dignité de ces personnes qui ont consacré beaucoup d'énergie et une partie de leur vie à la construction de notre pays, tant sur le plan économique que social.
Il est important que la collectivité nationale tout entière, et pas seulement leurs descendants, sache que les immigrés âgés sont une composante de l'histoire de notre pays et ne sont pas une entité extérieure qui pourrait contaminer la pureté nationale.