Intervention de Alexis Bachelay

Réunion du 18 avril 2013 à 14h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Bachelay, rapporteur :

Je vous remercie, mesdames, messieurs, pour vos témoignages et votre contribution aux travaux de la mission.

Je répondrai tout d'abord à M. El Idrissi au sujet des migrants âgés qui font l'objet de nombreux contrôles de la part des différentes caisses notamment à propos de versements de pensions de retraite non contributives qui les placent parfois, à leur insu, en situation de fraude. Nous sommes conscients de cette situation et nous avons interrogé l'administration sur le caractère arbitraire, voire abusif, de ces contrôles lorsqu'ils ne respectent pas la dignité et le droit des personnes. Nous ne sommes pas à la place du Gouvernement, mais nous soulèverons ce problème dans notre rapport et ferons des préconisations pour qu'il soit résolu.

Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, se rendra demain à Gennevilliers en compagnie de M. François Lamy, ministre délégué auprès de la ministre de l'égalité des territoires et du logement, chargé de la ville. Je ne peux naturellement pas m'engager à la place du Gouvernement et décider d'un moratoire, mais je parlerai à ses représentants de ce vrai problème et vous propose d'attendre les conclusions de notre mission, qui seront rendues en juin, en vous précisant que nous aurons à nouveau l'occasion d'évoquer la question avec la ministre au moment de son audition par la mission.

J'en viens à quelques questions que je souhaiterais vous poser.

Les migrants et leurs familles aspirent légitimement à la reconnaissance et entendent prendre toute leur place dans le récit national. Selon vous, l'enseignement scolaire, la recherche universitaire et les grands médias font-ils une juste place à l'histoire des immigrés des États tiers à l'Union européenne ? Les universitaires que nous avons entendus regrettent que ces sujets aient été trop peu abordés dans le passé et que les administrations manquent d'outils statistiques. Avez-vous des pistes de travail pour combler ce vide ? Convient-il d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur ce point ?

La Cité de l'immigration a pour mission d'écrire l'histoire de l'immigration en évitant plusieurs écueils, dont le folklore et les clichés. Pour les dépasser, il faut reconstruire la complexité de cette mémoire. Comment éviter les risques d'assignation identitaire, sachant que de nombreux migrants, venus dans notre pays avec le mythe du retour en tête, ont néanmoins souhaité s'intégrer dans la société française ? Beaucoup nous ont dit qu'ils se sentaient « d'ici et de là-bas », et parfois plus d'ici puisqu'ils y ont passé la majeure partie de leur vie. Leur identité est multiple. Comment éviter de leur attribuer une identité qui n'est pas la leur ?

Comment faire le lien entre l'histoire de ces populations et notre histoire nationale ?

De quelle manière cette histoire se transmet-elle dans les familles et dans les territoires ?

Vous avez identifié des lieux de mémoire des travailleurs immigrés en France. Nous qui nous targuons d'être un pays de culture, d'histoire et de patrimoine, ne pourrait-on édifier d'autres lieux de mémoire ? Que recouvre, selon vous, le patrimoine de l'immigration ? Comment lui donner du sens ?

Bien qu'il s'agisse d'une histoire tragique, nous sommes un certain nombre à vouloir réintégrer la date du 17 octobre 1961 dans l'histoire nationale, pour aller à l'encontre d'une certaine aseptisation de l'histoire et du refus de regarder les choses en face. Le Président de la République a rappelé avec force l'année dernière que cet événement faisait partie de notre histoire nationale. Quelle est votre position sur ce sujet ?

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