Intervention de Luc Gruson

Réunion du 18 avril 2013 à 14h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Luc Gruson, directeur général de l'établissement public du Palais de la Porte DoréeCité nationale de l'histoire de l'immigration :

S'agissant de l'enseignement scolaire, je suis en mesure de vous apporter des éléments très précis. En 2003, avec M. Jacques Toubon, nous avions demandé à M. Luc Ferry, alors ministre de l'éducation nationale, de dresser un état des lieux de l'enseignement de l'histoire de l'immigration en France. L'inspection générale de l'éducation nationale avait constaté que cette thématique n'était pas enseignée dans les écoles, sauf peut-être de manière allusive dans les cours d'éducation civique dispensés dans les lycées techniques, ce qui n'était pas anodin.

Nous avons, depuis, assisté à une évolution importante. Notre établissement dispose désormais d'une commission pédagogique, actuellement présidée par M. Philippe Joutard, qui a par ailleurs présidé à la réforme des programmes scolaires. Cela nous a permis d'introduire l'histoire de l'immigration dans les manuels d'histoire destinés aux lycéens, de la filière générale comme de la filière technologique. Dans son livre sur l'enseignement de l'histoire de l'immigration, M. Benoît Falaize, qui a travaillé dans notre association, dresse un état des lieux de la situation. Notre institution forme chaque année près de deux mille enseignants au contenu de l'histoire de l'immigration, et ce ne sont pas uniquement des professeurs d'histoire.

L'exposition de Benjamin Stora attire essentiellement des lycéens. Le fait de se déplacer dans un musée leur permet d'aborder la question du 17 octobre 1961 de manière apaisée.

Comment sont perçus les migrants âgés et leur culture ? Il convient à cet égard de faire évoluer les stéréotypes. Nous avons, en France, l'impression que notre pays a offert aux travailleurs immigrés un parcours idéal et qu'ils se sont bien intégrés. La réalité est beaucoup plus diverse et aléatoire. Certains sont restés en France parce qu'ils ne pouvaient pas se permettre de rentrer dans leur pays d'origine – où ils ne percevraient plus certaines prestations sociales. D'autres sont repartis. Sur plus d'un million de Portugais venus en France pendant les Trente Glorieuses, on estime que près d'un tiers sont repartis. Les migrants portugais et leurs descendants assument leur double culture, ce qui prouve que la question de l'identité est plus complexe que ce que l'on veut bien en dire. Nous vivons aujourd'hui dans un monde ouvert dans lequel les références identitaires sont multiples.

J'ai été très touché par la trilogie de Mme Yamina Benguigui, Mémoires d'immigrés, en particulier par le film dans lequel on voit des femmes maghrébines dire qu'elles auraient bien aimé retourner en Algérie mais qu'elles sont restées en France parce que leurs enfants sont français.

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