Intervention de Abdellah Samate

Réunion du 18 avril 2013 à 14h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Abdellah Samate, président de l'Association des mineurs et anciens mineurs marocains du Nord, AMMN :

Comment voulez-vous que nous transmettions à nos enfants une mémoire aussi difficile et douloureuse ? Ils ont grandi dans la misère ! Raconter notre histoire à nos enfants risque de développer chez eux un racisme vis-à-vis de la société dans laquelle ils sont nés et ils ont grandi.

Je répète souvent cette histoire : mon fils est né ici, il a été à l'école en France. À l'occasion d'un voyage scolaire en Angleterre, il a été mis à l'écart au moment de franchir la frontière. Il est resté seul toute la journée et n'a retrouvé ses camarades que le soir. Aujourd'hui il est Français, il a créé son entreprise à Toulouse et est devenu Compagnon du devoir. Mais il conserve le souvenir de cette expérience d'exclusion.

Avant de parler de mémoire, il faut d'abord guérir les blessures qui nous ont été infligées. On est venu me chercher, j'ai battu le charbon au fond de la mine, comme des centaines et peut-être des milliers d'immigrés. Aujourd'hui, que fait la société ? En 1995, Mme Marie-Christine Blandin, présidente du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, a voulu s'intéresser au problème. Certains élus lui ont alors conseillé de ne pas ouvrir ce chapitre de l'histoire afin d'éviter toute polémique !

Avant d'écrire la mémoire de l'immigration, il reste beaucoup de problèmes à régler.

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