L'aide de l'État était déjà devenue une dotation en capital sous M. Barre. La nationalisation nous renvoie à la question de la maîtrise par les pouvoirs publics de ce secteur stratégique. L'État n'a-t-il pas pour le moins un droit de regard et d'intervention vis-à-vis d'un groupe industriel comme ArcelorMittal, qui perçoit des aides publiques et communautaires et des attributions gratuites de certificats d'émission de CO2 ?
Deuxièmement, quelles sont à votre avis les forces et les faiblesses du groupe ArcelorMittal ? Sa stratégie mondiale, essentiellement financière, et minière autant que sidérurgique, pourrait-elle impliquer l'abandon progressif de ses sites européens, dans lesquels l'investissement du groupe paraît minimal ?
Troisièmement, quelles sont les perspectives les plus certaines de progrès de la recherche sur les aciers du futur ou sur les nouveaux matériaux substitutifs ? Quelles peuvent en être les conséquences industrielles ?
Quatrièmement, la crise de la sidérurgie se caractérise-t-elle uniquement par une surproduction européenne, à laquelle il faudrait remédier, compte tenu des importations à bas coût d'acier venu de pays émergents, notamment de Chine ? Mais l'Europe ne risquerait-elle pas alors de devenir définitivement dépendante des émergents dont elle serait la cliente captive ? En ce qui concerne l'approvisionnement en minerais, la dépendance des industriels européens les défavorise-t-elle par rapport à d'autres producteurs établis à proximité des zones d'extraction ? Est-ce un argument en faveur de la délocalisation ?
Enfin, en dehors de la Chine, y a-t-il d'autres grands producteurs aussi dangereux qu'elle pour la sidérurgie européenne ? Qu'en est-il des outils de production et de la qualité des produits en Russie, au Kazakhstan ou en Ukraine ? Que penser par exemple de l'entreprise russe Severstal, un temps présentée comme un repreneur potentiel du site de Florange ?