Intervention de Axelle Lemaire

Réunion du 3 avril 2013 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxelle Lemaire :

J'évoquerai le nord, là où il fait, ou plutôt, où il faisait froid.

Depuis quelques années, de nombreuses publications scientifiques font une description alarmante de la banquise en Arctique. Les études les plus récentes sont plus inquiétantes encore et obligent les scientifiques à revoir à la baisse leurs estimations sur le niveau de glaces dans cette zone. Les premiers résultats du programme Damocles – Developing Arctic Modeling and Observing Capabilities for Long-term Environmental Studies –, financé par l'Union européenne, ont révélé que les glaces de l'Arctique pourraient disparaître complètement durant la saison estivale dans dix ou quinze ans. Au début des années quatre-vingt, la banquise arctique atteignait à la fin du mois d'août une superficie moyenne de 8 millions de kilomètres carrés. Au cours de l'été 2007, cette superficie était réduite à 4 millions de kilomètres carrés, un record ! Ces résultats ont été confirmés, il y a quelques semaines, par un article paru dans le Geophysical Research Letters, dont les auteurs concluent qu'entre 2020 et 2040, il serait possible que les glaces de l'Arctique disparaissent complètement. La fonte des glaces entraînera, selon les experts, une accélération du réchauffement de la planète et des changements climatiques ponctuels importants, compte tenu de l'impact de l'Arctique sur les différents courants marins comme le Gulf Stream. À ce titre, la rigueur exceptionnelle qu'a connue l'Europe cette année ne serait pas étrangère à la fonte accélérée des glaciers l'été dernier. Cette situation n'est pas non plus sans conséquence sur le transport des biens et la circulation des marchandises. La route maritime du nord permettrait de raccourcir d'un tiers environ le temps nécessaire aux navires marchands pour relier le Pacifique à l'Atlantique, l'Asie à l'Europe. Si, aujourd'hui, la route entre Yokohama et Londres par le canal de Suez fait quelque 18 000 milles nautiques, elle n'en ferait plus que quelque 7 000 en empruntant le passage maritime du nord.

Les États européens sont impuissants à répondre individuellement à cet enjeu écologique. Or la politique arctique de l'Union européenne est axée sur trois objectifs : protection et préservation de l'Arctique en accord avec sa population, promotion de l'exploitation durable des ressources et contribution à une meilleure gouvernance de la zone. Comment et selon quels critères la Commission européenne arbitre-t-elle et décide-t-elle de ses objectifs prioritaires, potentiellement antinomiques entre protection de l'environnement en zone arctique, protection des populations qui y vivent – 4 millions de personnes dont 10 % d'autochtones – et recherche de gain de productivité et d'efficacité ? Cette recherche serait facilitée par un passage des navires marchands par le nord-ouest, sachant que plus de 90 % du commerce extérieur européen s'effectue par la mer.

Que fait enfin la Commission pour répondre à l'urgence liée à la fonte accélérée des glaces ?

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