Intervention de Georges Duval

Réunion du 22 mai 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Georges Duval, président d'Aubert & Duval et d'Erasteel :

En dehors du site d'Imphy, où nous coopérons avec Aperam, nous n'entretenons que peu de relations avec ArcelorMittal.

La Chine constitue un sujet très délicat. Construire une relation de confiance avec un client demande du temps, et il est risqué d'engager une joint venture au bout d'un ou deux ans de travail. Il y a huit ans, Erasteel s'est lancé dans l'aventure pour construire une aciérie d'aciers rapides en commun avec un partenaire chinois. Constatant, au bout d'un an, qu'au lieu d'arrêter, comme prévu, sa propre aciérie, celui-ci continuait à y investir, nous avons préféré arrêter la joint venture pour éviter qu'il n'y transfère le savoir-faire injecté dans la nouvelle installation. Ce pays souhaite acquérir toutes les technologies, et au vu des moyens considérables qu'il met dans la formation de ses ingénieurs, dans dix ans, il y arrivera dans bien des domaines, même s'il met plus de temps à nous rattraper dans les plus hautes technologies. La Chine fabrique d'ores et déjà en série nos centrales nucléaires de 1 000 ou 900 MW, demain elle s'emparera de la technologie Evolutionary Power Reactor (EPR). L'aéronautique chinoise connaît également un fort développement, avec le lancement du modèle C919, similaire à l'Airbus A320. Ne pouvant nous permettre d'ignorer le marché chinois, nous comptons participer à sa production. Erasteel a également installé un atelier d'étirage à Tianjin, et Aubert & Duval, un centre de distribution à Wuxi, près de Shanghai. Notre stratégie consiste à n'ouvrir en Chine que des ateliers mécaniques en aval des processus essentiels, évitant d'y transférer le savoir-faire qui fait notre coeur de métier.

S'agissant de la recherche, deux stratégies guident notre action : nous déposons des brevets là où nous pouvons les défendre, par exemple sur de nouveaux alliages dont on peut contrôler l'utilisation par un tiers. En revanche, sur le terrain des moyens de transformation, nous préférons ne rien révéler de notre savoir-faire.

Le crédit d'impôt recherche favorise indiscutablement la recherche en France et se révèle décisif pour le maintien de nos dépenses dans ce domaine. Quant au CICE, en allégeant les coûts de chacune de nos deux sociétés de 2 ou 3 millions d'euros par an, ce dispositif fait davantage que compenser les pertes induites par la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires et les nouvelles charges sur l'intéressement et la participation.

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