Intervention de Bernard Siriex

Réunion du 24 avril 2013 à 16h15
Délégation aux outre-mer

Bernard Siriex, président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics à la Réunion, FBTPR :

L'économie de La Réunion traverse une passe critique, avec un taux de chômage atteignant 30% de la population active et un marché déprimé. Le chiffre d'affaires annuel de notre branche est descendu de 2,1 milliards d'euros à 1 milliard. En six ans, le nombre d'emplois est passé de 25 000 à moins de 15 000 (en mars dernier).

Faute d'activité suffisante, nous comptons 8 000 entreprises en graves difficultés, hors d'état de payer leurs cotisations sociales et fiscales.

La défiscalisation n'est pas le seul instrument de soutien public à l'investissement dans la construction de logements : d'autres formules sont actuellement à l'étude.

Aujourd'hui, 25 000 familles de La Réunion sont sans logement. Beaucoup sont mal logées et la population du département s'accroît de 1,5 % par an.

Nous avons donc besoin de financeurs extérieurs.

Nous avons construit, en 2011, 4 500 logements sociaux, contre 1 500 en 2008, époque où le système de défiscalisation n'existait pas. Nous souhaitons donc conserver cet outil qui a prouvé son efficacité.

Toutefois, le nombre annuel de constructions est très variable d'une année sur l'autre, faute d'une bonne organisation des bailleurs sociaux. Ainsi, la plupart des garanties de financement étaient assurée, jusqu'en 2012, par le conseil général de La Réunion. Celui-ci a voulu les remettre en cause en cours d'année puis, après notre opiniâtre résistance, les a finalement débloquées. Cela nous a tout de même fait perdre la construction de 2 000 logements et 4 400 emplois puisque, chez nous, la construction d'un logement génère 2,2 emplois directs et indirects.

Il nous faut donner de l'espoir aux familles réunionnaises à travers les logements intermédiaires, qui s'étaient bien développés grâce à la loi « Girardin » : nous construisions environ 9 000 logements par an, avec une contribution financière extérieure de l'ordre d'un milliard d'euros.

Quoique satisfaisant, ce dispositif fut remplacé par le « Scellier DOM » qui présentait les mêmes avantages que le « Scellier métropole ». Moyennant quoi, un investisseur pouvant défiscaliser à 10 km de chez lui n'allait pas le faire à 10 000 km ! Nous n'avons dès lors pas construit plus de 750 logements en une année !

On entend aujourd'hui parler d'un éventuel « Duflot DOM », mais il nous semble fort peu attrayant pour les investisseurs extérieurs. Nous avons donc présenté des suggestions pour en améliorer l'efficience en l'alignant sur le régime de la Nouvelle-Calédonie.

Nous avons également, au nom de la FBTPR et des promoteurs immobiliers, remis tout récemment un dossier de propositions au ministre des Outre-mer, insistant sur l'importance du taux de 29% et de la durée de six ans si l'on veut pouvoir construire des logements d'au moins trois pièces, nos famille réunionnaises étant souvent des familles nombreuses.

Avec une réduction d'impôt de 70 000 euros, la collectivité publique récupère la première année 20 000 euros en équivalent de TVA puis de nombreuses taxes assises sur les logements et leurs habitants, soit une recette nette de 28 000 euros environ.

Nous avons calculé que, pour 1 000 logements ainsi financés, le coût brut pour l'État s'élève à 47 millions d'euros en y intégrant les comptes sociaux, mais le coût net n'est que de 4,5 millions. Pour les collectivités locales en revanche, le solde net est positif, de 21 millions.

Le logement représente, à La Réunion, 30 % du chiffre d'affaires du BTP, employant 12 % de la population et créant 10 % des richesses de l'île, ce qui en fait le troisième contributeur économique et le deuxième acteur marchand.

Nous élaborons une charte d'insertion pour les jeunes sans activité, mais avec beaucoup de difficultés car notre secteur continue de licencier.

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