La ville de Paris est particulièrement attentive à la question des immigrés âgés : différentes études, notamment celle de l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR) qui date de 2006, en ont signalé l'importance. À Paris, 20 % de la population immigrée est âgée, ce qui est beaucoup ; et cette proportion continue d'augmenter. La ville travaille donc pour accompagner et soutenir ces publics.
Les difficultés rencontrées par les migrants âgés ont déjà été signalées lors des auditions que vous avez réalisées : problèmes de santé et d'accès aux soins plus importants que pour l'ensemble de la population, précarité, problèmes de logement et d'accès aux droits… Notre but est donc d'accompagner ces migrants âgés vers le droit commun, afin de leur permettre de vieillir dignement.
Notre action porte d'abord sur l'information et l'orientation, notamment grâce aux centres locaux d'information et de coordination (CLIC) gérontologique, dits « CLIC Paris Émeraude » : ils permettent à tous les seniors, migrants ou non, de s'informer sur l'adaptation de leur logement, les aides à domicile, les aides financières auxquelles ils ont droit… Ils peuvent aussi contribuer à rompre l'isolement des personnes âgées. Nous essayons d'accompagner les migrants vers le droit commun, notamment en diffusant des fiches multilingues ; un nouveau guide intitulé Vivre à Paris, dont l'un des chapitres est consacré aux personnes âgées, est en cours d'impression. Il est traduit en sept langues.
En ces domaines, la ville de Paris ne peut pas agir seule : nous nous appuyons beaucoup sur des associations qui accompagnent les migrants âgés, telles que le Collectif des accidentés du travail, handicapés et retraités pour l'égalité des droits (CATRED) ou l'association « Chinois de France, Français de Chine ».
La mission d'information a pu découvrir sur place le dispositif des cafés sociaux, qui sont des espaces de solidarité et de convivialité. Il en existe aujourd'hui quatre à Paris à destination des migrants, et nous prévoyons d'en ouvrir un cinquième ; nous leur consacrons un budget de 160 000 euros.
Nous avons également beaucoup travaillé sur la question des foyers : 17 % de leurs résidents ont en effet plus de soixante ans et 46 % ont entre quarante-cinq et soixante ans. La mairie de Paris a lancé en 2005 un plan de rénovation très important, en transformant nombre de foyers de travailleurs migrants – souvent franchement insalubres – en résidences sociales ; environ 30 % des chambres sont maintenant accessibles aux personnes handicapées. Cette rénovation est allée de pair avec la mise en place d'un meilleur accompagnement social.
Nous réfléchissons aujourd'hui, avec les autres intervenants, aux actions à mener spécifiquement en faveur des personnes âgées immigrées : nous pensons par exemple à un diagnostic global individuel – santé, droits sociaux, habitat, loisirs – qui nous permettrait d'accompagner chacun vers les aides et réseaux déjà existants, tout en nous fournissant les éléments nécessaires à l'élaboration de notre action future.
Je voudrais enfin évoquer la situation particulière et tout à fait préoccupante des femmes immigrées qui, si elles disposent souvent d'une famille en France et sont donc peut-être moins souvent isolées que les hommes, n'en rencontrent pas moins des problèmes dramatiques, car elles ont peu travaillé et parlent beaucoup moins souvent français que les hommes. Il faut que les politiques publiques les prennent particulièrement en considération, pour leur permettre d'accéder à leurs droits ; il faut notamment leur faciliter l'apprentissage de la langue française, car elles ont, en la matière, un handicap très fort par rapport aux hommes, et améliorer leur formation, souvent très faible. La ville de Paris consacre chaque année 6 millions d'euros à l'apprentissage du français.