La ville de Roubaix compte environ 14 000 habitants immigrés de plus de soixante ans, dont 5 500 sont âgés de plus de soixante-quinze ans. Depuis dix ans, le CCAS a mené, avec un fort soutien des élus, une réflexion spécifique sur la prise en charge des personnes âgées issues de l'immigration.
Ainsi, lors de la rénovation du quartier de l'Alma, nous nous sommes penchés sur le cas du foyer-logement Fontenoy, structure importante datant de 1981 qui accueille des personnes de plus de soixante ans, dont 82 % sont issues de l'immigration. En 2003, tous les résidents ont été interrogés individuellement afin de connaître leurs attentes et leurs besoins, mais la communication s'est révélée très difficile : ces personnes ne voulaient pas parler des difficultés qu'elles rencontraient et faisaient preuve de beaucoup de retenue et de pudeur. Il est néanmoins ressorti de ces entretiens le constat de leur usure physique précoce ainsi qu'une grande appréhension du vieillissement, de la maladie et de la mort.
Le personnel du foyer est fréquemment sollicité pour des démarches administratives, surtout par les femmes, qui maîtrisent très peu la langue française. L'Association pour le développement de l'éducation permanente (ADEP) intervient pour les aider et organiser des cours.
Lors de la rénovation, nous avons aussi fait le choix de travailler sur un pôle social et culturel. L'association Générations et cultures a mené, dès 2006, une action intergénérationnelle en organisant des échanges entre les résidents et les enfants des écoles. Cela nous a d'ailleurs beaucoup aidés, car la communication a été bien plus facile avec les enfants qu'elle ne l'avait été avec nous.
Un diagnostic a été réalisé en 2005 par le cabinet Amnyos sur le vieillissement des personnes issues de l'immigration à Lille, Roubaix et Tourcoing – trois communes qui concentrent les deux tiers de la population immigrée de la métropole lilloise. C'est à Roubaix que le poids de la population immigrée, notamment âgée, est le plus important. Les constats ne sont pas très différents de ceux qui sont faits par ailleurs, avec toutefois un fort accent mis sur la situation des femmes, souvent très éloignées des dispositifs de droit commun.
En 2007, un colloque régional sur ces questions a été organisé à Roubaix. Cela nous a permis de proposer des formations spécifiques aux personnels du CCAS.
Depuis 2008, une nouvelle démarche a été engagée : portée par l'association ARÉLI, elle réunit de nombreux acteurs du territoire – associations, collectivités territoriales, services sociaux… – et a permis d'imaginer un plan d'action intitulé « Vieillesses plurielles », qui sera mis en oeuvre dans les prochaines semaines.
Une expérimentation a été mise en place, en lien avec le conseil général, pour faciliter l'accès à l'aide sociale et à l'hébergement.
Des actions portées conjointement par le foyer-résidence Alma-Fontenoy et la résidence ARÉLI sont organisées régulièrement : elles sont principalement festives, mais permettent aux personnes de la résidence sociale de s'habituer au fonctionnement du foyer, ce qui facilite leur arrivée par la suite.
La ville de Roubaix a mis en place une commission extra-municipale des populations immigrées (CEMPI) qui réalise un travail important en réunissant l'ensemble des communautés présentes dans notre ville ; elle organise par exemple la fête de l'amitié, qui est une journée de valorisation culturelle, gastronomique… dont la trente-sixième édition aura lieu au mois de juin prochain – cette fête rencontre toujours un grand succès auprès du public. Nous avons également créé le conseil roubaisien de l'interculturalité et de la citoyenneté (CRIC), qui rassemble maintenant plusieurs dizaines d'associations. Le maire et le conseil municipal ont souhaité confier au CRIC une mission sur l'accompagnement des personnes âgées issues de l'immigration – sujet d'ailleurs issu des réflexions du CRIC.