Intervention de Liliane Capelle

Réunion du 11 avril 2013 à 9h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Liliane Capelle, adjointe au maire de Paris, conseillère chargée des seniors et du lien intergénérationnel :

Le schéma départemental en faveur des personnes âgées pour 2012-2016 de la ville de Paris, que nous venons de voter, comporte des fiches actions qui portent spécifiquement sur notre politique en faveur des immigrés âgés.

À Paris, les immigrés représentent un peu plus de 20 % de la population et, en dehors des ressortissants de l'Union européenne, ils sont majoritairement nés au Maghreb, en Asie et en Afrique subsaharienne. En outre, 19 % sont âgés de soixante ans et plus, ce qui représente environ 89 000 personnes ; 26 % sont issus de l'immigration maghrébine du travail des années soixante – ce type d'immigration étant tout à fait différent de l'immigration économique qui a eu cours par la suite – et 12 % sont d'origine asiatique.

Nous notons une féminisation de la population immigrée : en 2007, 52 % des personnes immigrées présentes à Paris étaient des femmes, contre 45 % en 1982. Les difficultés auxquelles sont confrontées ces femmes diffèrent selon les types d'immigration. Les femmes immigrées maghrébines âgées de soixante-cinq à soixante-dix ans sont le plus souvent veuves, divorcées ou séparées, et elles n'ont rien – elles ne parlent même pas notre langue. Il y a donc une vraie interrogation à leur égard, d'autant que la plupart d'entre elles ne retourneront pas au pays car leur vie – je dirai même leur malheur – est ici.

La population étrangère de Paris est essentiellement localisée dans le Nord et le Nord-Est. Les IIIe et IVe arrondissements accueillent la communauté chinoise ; le Xe arrondissement abrite une importante population turque ; dans le XIe arrondissement, les populations se sont mélangées au gré des vagues d'immigrations juives, maghrébines et chinoises ; enfin, dans les XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements, 20 % des résidents sont des immigrés de tous ces pays.

Le logement est un problème majeur pour ces populations qui ont une particularité : elles ont besoin d'indépendance, mais ne peuvent pas vivre seules. Il faut donc trouver des structures qui leur permettent non seulement d'être indépendantes, mais aussi d'être intégrées au droit commun : le moment est venu d'accorder cette reconnaissance à ces personnes qui ont apporté beaucoup à la France. La majorité d'entre elles ne sont en effet pas propriétaires de leur logement, et quand elles le sont, c'est d'un six mètres carrés sous les toits. La grande opération de réhabilitation des foyers que nous avons lancée nous a permis de constater que ces populations ont vieilli dans ces structures – sur 8 000 résidents en foyer de travailleurs migrants, 32 % étaient âgés de plus de soixante ans en 2010, contre 17 % en 2002.

Ainsi, nos principaux axes de travail sont la lutte contre l'isolement, l'accès aux droits et l'adaptation des logements. Je trouve en effet indécent que des personnes continuent à vivre à plusieurs dans une chambre, d'autant que le vieillissement précoce concerne particulièrement ces populations qui ont connu des conditions de travail précaires et n'ont pas bénéficié d'un suivi médical. Au surplus, les personnes immigrées vivant à Paris ont peu recours aux dispositifs dédiés, que ce soit les aides proprement dites, ou les loisirs, l'hébergement collectif, les actions de prévention et l'aide à domicile.

Nous avons réorganisé nos six CLIC, dont certains étaient déjà très en avance sur ces problématiques, comme dans le XIIIe arrondissement, où des groupes de travail dédiés avaient été mis en place. Ce travail a permis l'implantation de cafés sociaux, au nombre de quatre actuellement.

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