Intervention de Liliane Capelle

Réunion du 11 avril 2013 à 9h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Liliane Capelle, adjointe au maire de Paris, conseillère chargée des seniors et du lien intergénérationnel :

La formation constitue effectivement l'un des axes majeurs de notre action. Outre les personnes handicapées – qui atteignent la vieillesse dès soixante ans alors que l'âge moyen d'entrée en EHPAD est de quatre-vingt-sept ans à Paris – et les personnes d'origine étrangère, les EHPAD commencent à accueillir les premières personnes atteintes du VIH, et leur personnel continue à craindre la contamination. C'est pourquoi nous privilégions la formation à l'accueil différencié des publics.

Quant aux associations qui soutiennent les personnes âgées migrantes, j'ai souhaité qu'elles bénéficient de subventions pérennes et croisées, tant l'enjeu est transversal. Nous avons en effet la chance à Paris de pouvoir faire collaborer étroitement différents services de la ville tels que la direction de l'action sociale, de l'enfance et de la santé (DASES), la délégation à la politique de la ville et à l'intégration (DPVI), et la direction du logement. Et si j'insiste sur la nécessité de mener des politiques de droit commun, c'est afin que les immigrés âgés bénéficient des mêmes droits que tout un chacun.

Parallèlement aux cafés sociaux, certaines associations aident à l'accès aux droits. « Yvoir » est quant à elle une association de coeur qui offre aux femmes seules – soit que leur mari soit décédé, soit qu'il les ait quittées – ne parlant pas le français la possibilité de s'exprimer dans le cadre du théâtre. Au terme d'un mois de travail, certaines de ces femmes ont ainsi pu se produire devant 350 personnes au théâtre de l'Odéon – c'était un public non pas d'immigrés, mais de spectateurs réellement intéressés par la démarche. Je suis convaincue que le sport et la culture sont deux vecteurs d'intégration pour ces populations.

S'agissant des familles d'accueil, nous n'en trouvons à Paris ni pour les adultes ni pour les enfants. Nous envisageons en revanche de recourir à un système de partage de domicile et de colocation entre personnes âgées, suivi par des travailleurs sociaux.

Étant donné le contexte de vieillissement et de précarisation que nous connaissons dans la capitale – nous enregistrons le taux de personnes âgées vivant sous le seuil de pauvreté le plus élevé de France –, nous avons besoin de relais. C'est pourquoi nous avons recentré les CLIC sur leur métier d'origine.

Bien qu'encore inachevée, la réhabilitation des foyers parisiens est en bonne voie. Nous veillons tout particulièrement à ne pas pratiquer de loyers trop élevés dans ces logements qui ouvrent droit non seulement à l'APL mais aussi, depuis l'an dernier, à « Paris Logement ». Cette aide est accessible aux ménages qui consacrent à leur loyer plus de 30 % de leurs ressources – ces dernières ne devant pas excéder 1 100 euros. Ayant d'abord profité aux familles, l'aide a été étendue l'année dernière aux personnes âgées – y compris aux immigrés, qui ne font pas l'objet d'un traitement spécifique. Il s'agit donc d'une aide universelle, qui doit le rester.

Dans les EHPAD, nous coopérons avec les associations qui connaissent bien les particularités des différents publics concernés : ainsi, à la différence des Subsahariens qui ont des familles composées et pensent retourner dans leur pays d'origine, l'immense majorité des Maghrébins ne se sent plus de là-bas mais pas tout à fait d'ici non plus. Il est donc de notre responsabilité de leur dire qu'ils sont d'ici. Quant aux immigrés chinois, comme les immigrés juifs autrefois, ils viennent en famille et souhaitent rester.

L'accès à la langue étant la première des dignités, il nous faut apprendre le français aux femmes, quel que soit leur âge. Il n'y a en effet pas d'âge pour apprendre et c'est là leur seul moyen de survivre. Parallèlement, comme cet apprentissage ne pourra se faire du jour au lendemain, nous continuons à rédiger en plusieurs langues les dépliants que nous destinons au personnel car celui-ci doit être en mesure de comprendre le public accueilli.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion