Paradoxalement, la CARSAT de Strasbourg n'a pas mis en oeuvre d'actions spécifiques en direction de cette population, ce qui prouve à nouveau que c'est non pas le pourcentage d'immigrés sur un territoire, mais la préoccupation des acteurs concernés qui détermine l'intérêt pour la question. Il faut changer la donne ; une vigilance accrue des observatoires devrait permettre la prise en charge de ce public dans le cadre du droit commun. La réflexion que nous développons sur les moyens d'information et l'adaptation des politiques publiques profite d'ailleurs à tous.
Je terminerai mon propos par deux exemples. Dans le Haut-Rhin, l'association Aléos, gestionnaire de foyers, s'est saisie de cette question dès les années quatre-vingt-dix, transformant sa manière de travailler avec les résidents des foyers. Elle a associé à sa démarche le conseil général du Haut-Rhin, qui a interrogé les maisons de retraite sur leur capacité à prendre en charge ces publics et a créé, dans la ville de Mulhouse, un service de portage à domicile de repas halal. Les effets d'entraînement entre différents acteurs se révèlent donc déterminants.
Enfin, en Alsace, l'ORIV travaille depuis des années avec l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) sur le profil des primo-arrivants âgés. Depuis plus de six ans, quelque 3 % d'entre eux sont âgés de plus de soixante ans. Si ce chiffre paraît dérisoire, ces personnes arrivent particulièrement démunies ; n'étant pas concernées par le contrat d'accueil et d'intégration – qui impose l'apprentissage de la langue française –, elles se retrouvent complètement isolées. Leur cas montre les limites de l'approche française qui consiste à élaborer des politiques à l'intention de populations statistiquement nombreuses. En évitant d'interroger ces évolutions, on risque de passer à côté de questions qui touchent l'ensemble de nos politiques publiques.