Si les intervenants sociaux ne peuvent se transformer en spécialistes des questions d'immigration, le droit des étrangers étant extrêmement complexe, il faut leur fournir des outils pour faire face aux situations qu'ils rencontrent sur le terrain et des ressources pour y répondre. L'École supérieure en travail éducatif et social (ESTES) de Strasbourg a récemment engagé une action en ce sens, intitulée « L'accompagnement des personnes âgées immigrées », qui a fait l'objet de cinq journées de formation en 2012-2013. Entre 150 et 200 personnes y ont participé, dans le cadre d'une formation initiale ou continue ; l'initiative sera renouvelée et étendue à la Lorraine.
Pendant longtemps, en France, l'action sociale en direction des publics immigrés fut associée aux structures telles que l'Association service social familial migrants (ASSFAM) ou le Service social d'aide aux émigrants (SSAE), et pensée comme spécifique. Ce cloisonnement a empêché le travail social classique de s'interroger sur les besoins de ce public, et lorsque le SSAE a été intégré dans l'OFII, la prise de relais par le droit commun – censée se produire naturellement – n'a pas eu lieu.
Il en va de même pour la formation linguistique : l'État concentrant les moyens sur les primo-arrivants, les populations déjà en place devaient être prises en charge par les collectivités. Or, seules certaines collectivités le font, ce qui crée des inégalités sur le territoire. Le travail que nous menons avec le réseau Ressources pour l'égalité des chances et l'intégration (RECI) montre d'ailleurs que l'ampleur de la présence immigrée ne détermine en rien l'action de la commune : certaines d'entre elles se saisissent ainsi de ce problème alors qu'elles ne comptent que 2 % d'immigrés.
La question des immigrés âgés est complètement oblitérée par la séparation des politiques publiques en deux catégories distinctes et étanches : la politique de la ville et celle d'intégration. Cette situation complique le travail sur le terrain : une commune peut ainsi solliciter notre aide pour travailler sur le problème de l'immigration et de l'intégration d'un côté et sur celui de la ville de l'autre, mais c'est nous qui devons faire le lien entre les deux.
Nous sommes plus qu'impliqués dans les PRIPI : nous avons contribué à l'élaboration de ceux de Lorraine et d'Alsace et assurons un accompagnement de ces programmes sur la durée.