Intervention de Serge Grouard

Réunion du 14 mai 2013 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Grouard :

Je vous remercie de votre présence, monsieur le ministre, mais vous conviendrez qu'il est difficile, pour les parlementaires, d'évoquer le Livre blanc en une vingtaine de minutes. Une nouvelle audition serait donc souhaitable.

Vous avez habilement opposé contraintes budgétaires et objectifs stratégiques. Je m'étais abstenu sur le précédent budget de la défense, considérant que celui-ci contenait des éléments intéressants ; j'espère donc que vous me donnerez acte de mon esprit d'ouverture et de mon refus des petites querelles politiciennes. Cela dit, je considère que la situation est grave. Trois enjeux sont posés, que ce Livre blanc compromet : la capacité de la France à faire face à un conflit plus lourd que ceux auxquels elle a été récemment confrontée ; son rang dans le monde, rang pour lequel son armée est un atout majeur ; l'émergence, enfin, d'une Europe de la défense.

Vous n'êtes pas, monsieur le ministre, responsable de tout : les questions de sécurité nationale requièrent une objectivité à laquelle je m'efforcerai de me tenir. Cela fait trente ans que l'Europe et la France sont sur la voie du désarmement, où elles s'étaient engagées en recueillant les dividendes de la paix et de la dislocation de l'Union soviétique. Nos armées ont ainsi connu des réorganisations profondes, que presque aucun autre corps constitué n'aurait pu supporter : reformatages, professionnalisation avec la fin du service militaire et, entre 2008 et 2013, suppression de 50 000 postes. C'était beaucoup ; c'était même déjà trop, sans doute. Pourtant, vous proposez d'aller plus loin en supprimant 24 000 postes supplémentaires entre 2014 et 2019, ce qui porterait à 74 000 le nombre de postes supprimés en dix ans. Ce n'est pas « digérable ». La comparaison avec le nombre de suppressions de postes intervenues lors de la mandature précédente est habile, mais, lorsque l'étiage est atteint, toute suppression nouvelle met en péril nos capacités opérationnelles. On pourrait éventuellement comprendre ces choix si le niveau tendait à l'optimum en matière d'équipements, mais chacun sait que nous en sommes loin.

Nous avons à faire des choix fondamentaux, même si c'est évidemment difficile. Toutes choses égales par ailleurs, et sans que la situation internationale ne soit comparable, la gravité de la crise économique et la dévaluation permanente de notre modèle d'armée rappellent un peu les années trente.

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