J'apprécie vos interventions devant notre commission, monsieur le ministre, que ce soit sur l'opération Serval ou, aujourd'hui, sur le Livre blanc. Néanmoins, celui-ci s'inscrit dans la continuité du précédent en consacrant une armée professionnelle sous la domination de l'OTAN et orientée vers les opérations extérieures, principalement en Afrique et dans le bassin méditerranéen. L'austérité budgétaire ne fera en effet qu'accroître l'intégration dans l'Alliance atlantique.
Les conditions mêmes de la rédaction du présent Livre blanc révèlent les dérives de la Ve République. Plus que jamais, les questions de défense restent l'apanage du chef de l'État assisté d'experts. Alors que le Livre blanc faisait jusqu'alors l'objet d'une concertation plus large, pour la première fois depuis 1972, les partis politiques n'ont pas été entendus à son sujet. Un vrai débat démocratique doit selon nous s'engager sous la forme d'états généraux de la défense, afin de retisser le lien entre l'armée et la nation, autour de la construction d'un outil de défense citoyen contribuant à assurer la paix, le désarmement multilatéral, l'indépendance et la souveraineté de notre peuple.
Dans la lettre de mission relative au Livre blanc, le Président de la République avait aussi demandé que soient analysées les « menaces susceptibles […] de mettre en péril la vie de la population, l'indépendance de la nation ou le fonctionnement de l'économie ». La crise économique, monsieur le ministre, est-elle à vos yeux un motif de restriction des capacités de défense ou le facteur essentiel de déstabilisation du pays ?