Le maintien du budget de la défense, difficile dans le contexte actuel, témoigne d'un réel courage ; nous souscrivons à ce choix du Président de la République, à l'heure où beaucoup, y compris dans l'opposition, demandent la diminution des dépenses publiques.
Face à des périls qui s'apparentent à ceux qu'André Malraux prévoyait pour le XXIe siècle, la France doit conserver ses capacités de défense et de coercition – les événements du Mali en offrent un bon exemple. Par ailleurs, vous êtes peut-être le premier ministre de la défense à prendre à bras-le-corps le problème de nos capacités industrielles. De fait, les commandes de la Direction générale de l'armement (DGA) ont un impact sur les technologies, sur la recherche et pour les territoires.
La France maintiendra ses capacités de dissuasion, alors que beaucoup demandaient qu'elle s'en affranchisse. Ce choix, que nous saluons également, est d'autant plus difficile que notre pays est un peu seul en ce domaine, malgré des contacts avec le Royaume-Uni.
Enfin, l'Europe de la défense offre des capacités de mutualisation et d'échanges ; mais, si la France veut garder son leadership, notamment au regard de la montée en puissance de l'Allemagne dans l'industrie spatiale, elle doit faire preuve de volontarisme, comme vous l'avez montré au cours des derniers mois.
Quelle souplesse gardons-nous en cas de montée des périls ? On le voit, la Russie se réarme et des conflits potentiels existent. Qu'en est-il des capacités de réserve, que la France a peu développées par rapport à d'autres pays européens – notamment le Royaume-Uni – ou aux États-Unis ? La commission de la défense pourrait se pencher sur ce sujet, y compris au regard des réductions de postes dans l'armée d'active.
Il faudra également veiller à ce que la future loi de programmation militaire n'affecte pas notre capacité aéronautique : l'avion, les conflits actuels le montrent, est l'outil de projection le plus rapide et sans doute le plus polyvalent. Au vu des chiffres que vous avez donnés et compte tenu des coûts de maintenance, je ne suis pas sûr que le maintien en condition opérationnelle des Mirage 2000 compense ce à quoi l'on aura renoncé par ailleurs. La France aura du mal à exporter des Rafale si elle ne montre pas qu'elle a confiance en cet avion. Quant à la réduction d'achats d'avions de transport, tels que l'A400M, l'expérience malheureuse de la modernisation des Lockheed C-130 Hercules doit conduire à s'interroger sur les coûts d'une prolongation des matériels anciens.