Intervention de Yannick Borde

Réunion du 29 mai 2013 à 9h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Yannick Borde, président du Crédit immobilier de France :

Il ne faudrait surtout pas que vous vous mépreniez sur notre attitude. Le 28 août, après l'annonce de Moody's, la gouvernance a fait le choix de se tourner vers l'État, et nous lui sommes reconnaissants d'avoir donné sa garantie pour passer cet épisode difficile. En règle générale, les agences de notation prennent la décision de dégrader les notes, après un événement particulier. Or, rien de tel ne s'est produit pour le CIF. Moody's s'est contenté de dire qu'il pensait que le modèle pouvait provoquer un incident. Mais d'incident, il n'y en a jamais eu. Quelques dates qu'il faut se rappeler : le 27 décembre 2011, Moody's confirmait la notation du CIF une première fois, une deuxième fois fin janvier 2012, ce qui a permis de lever 1 milliard d'euros sur les marchés, même si les taux n'étaient pas très favorables. La suite, vous la connaissez. Mais c'est bien l'expression d'un « sentiment » par une agence, qui a précipité la crise, même si, j'en conviens, le modèle doit évoluer.

J'ai parlé de « brutalité ». Je suis un jeune président et j'ai été accueilli par les services de l'État avec des phrases comme « Les SACICAP seront rincées », « Vous avez une société qui est en très mauvaise situation d'exploitation ». Si les choses n'ont pas pu évoluer depuis le 28 août, c'est qu'il fallait attendre les comptes de 2012, pour apporter la preuve que, malgré le contexte, les résultats étaient positifs – nous avons dégagé un excédent de 40 millions d'euros –, et le rapport du cabinet Deloitte. Certes, il a été commandé par le réseau, mais pas seulement. Les services du Trésor y ont été associés. Or, il confirme ce que nous disions et qui était jusqu'à présent souvent remis en cause. Si nous avions disposé de ces éléments le 28 août dernier, nous n'aurions pas pu nous dispenser de la garantie de l'État, mais nous aurions peut-être évité une décision aussi radicale.

D'ailleurs, pendant qu'il était président, M. Michel Bouvard a évoqué des pistes, qui n'ont pas pu être explorées. Sans doute faudrait-il profiter des semaines qui nous restent pour chercher des solutions alternatives, comme la bridge bank.

Le SIEG est une proposition des SACICAP, pas du CIF. Leur stratégie repose sur un trépied composé des missions sociales, du crédit et de l'immobilier. Avec près de 700 conventions signées, nous sommes présents sur tous les territoires pour exercer, à la satisfaction des collectivités locales, les missions sociales. Le SIEG reviendrait à faire une industrie, autour du coeur de cible, à savoir les populations peu ou mal bancarisées et l'accompagnement des politiques du logement en matière d'adaptabilité du logement, de lutte contre les copropriétés dégradées ou la précarité énergétique. Des contacts avec la Caisse des dépôts, il ressort qu'il serait possible d'intervenir par exemple avec CDC Climat. Certes, il reste des contraintes à lever liées à la garantie, au tour de table, mais c'est de votre ressort. Par ailleurs, le SIEG est une décision politique, dans le respect des règles européennes, puisqu'il s'agit de confier un mandat à un établissement.

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