Monsieur le ministre, je suis avec beaucoup d'intérêt, d'attention et de plaisir votre action au Moyen-Orient, où il m'arrive de vous rencontrer. Parfois je suis en accord avec vous, parfois je n'y suis pas.
Dans le cadre du groupe de travail sur la Syrie et que je préside, nous envisagions d'aller à Damas rencontrer des interlocuteurs. C'était le 17 décembre. Les services de renseignement s'attendant à ce que la bataille de Damas débute le 22, vos services nous ont fortement recommandé de ne pas y aller pour ne pas risquer d'y être séquestrés. D'abord partants, nous avons fini par nous dégonfler. Tout cela pour vous dire combien notre appréciation de la situation est imprécise et forcément variable. Je reviens sur l'entretien que nous avons eu ici-même avec M. Orlov, l'ambassadeur de Russie. Il nous a déclaré que la diplomatie française se trompait et qu'elle aurait eu un rôle éminent à jouer si elle ne s'était pas engagée aux côtés d'une des parties. Aujourd'hui, elle s'est mise hors-jeu parce qu'elle s'est trop engagée avec la rébellion. Je ne vous le reproche pas, monsieur le ministre, car le système Assad est épouvantable et déplorable, mais permettez-moi de vous faire une proposition.
Il y a peu, j'ai rencontré à Beyrouth le docteur Raad, numéro deux du Hezbollah, juste après Nassrallah. Discutant d'al-Qaïda qui venait de déclarer la guerre aux intérêts français, nous nous sommes aperçus, à un moment donné, que nous en avions la même appréciation. Puisqu'il considérait al-Qaïda comme son ennemi et que nous le considérons aussi comme tel, je lui ai fait remarquer que, d'une certaine manière, nous étions alliés. Il en a convenu, déclarant que nous ne pouvions rien faire de mieux que de conclure un accord. Monsieur le ministre, pensez-vous envisageable de conclure un accord avec le groupe politique du Hezbollah, non pas les forces combattantes dont vous avez proposé qu'elles soient considérées comme groupe terroriste ?
Il y a quelques mois, je vous avais suggéré de réfléchir au moyen d'adapter l'accord de Taëf à la Syrie. Dans le cadre de la conférence de Genève 2, la France pourrait-elle proposer de mettre en place un système à la Taëf, avec un sunnite au plus haut niveau, un alaouite au niveau du Premier ministre, un chrétien à la tête du Parlement, et ainsi de suite ?