La traçabilité n'est pas un sujet facile du tout. Une possibilité technique est offerte par certains types d'armement qui peuvent être déclenchés et neutralisés sous certaines conditions. D'autres armes sophistiquées nécessitent des gens pour les servir. À la livraison des armes, la question se pose donc de la façon dont va être effectué le service. Peut-être avez-vous noté, dans l'amendement tendant à prononcer l'embargo adopté il y a trois mois, qu'une petite phrase avait été ajoutée, autorisant une assistance technique. Les diplomates en discutent encore pour savoir ce qu'elle veut dire. En tout cas, l'assistance technique passe par l'assistance humaine. Il est évident, au-delà des dispositifs techniques qui peuvent exister, que ce qui est décisif, c'est le degré de confiance qu'on peut accorder à ceux auxquels on remet, à un instant t, des armes et donc l'analyse qu'on fait du terrain. Lundi, nous avons obtenu une faculté, mais pour passer de la faculté à la réalisation, il faut quand même procéder à une analyse politique extrêmement précise d'un terrain qui évolue tous les jours. Lever l'embargo n'est pas livrer des armes, c'est ouvrir une faculté.
Monsieur Myard, loin de moi de vouloir me livrer à une analyse psychologique, mais je vous trouve à la fois extrêmement déterminé et extrêmement défaitiste. L'Iran aura sa bombe, dites-vous, parce qu'ils sont au seuil. Nous n'avons pas la même conception de la politique. On ne peut pas commencer une discussion en annonçant dès le départ un résultat qui ne changera pas quelles que soient les actions menées. Je peux entendre que, de toute manière, les Chinois seront plus d'un milliard, mais que l'Iran aura sa bombe, cela dépendra des décisions prises, d'un côté, par l'Iran, de l'autre côté, par ceux qui ne veulent pas que l'Iran ait sa bombe. Sinon, à quoi bon discuter, à quoi sert la politique ? Bien sûr, il y a une part de déterminisme, mais il y a aussi une part de décision politique. Que l'Iran ait sa bombe ou pas relève, pour nous, de la décision politique.