Intervention de Frédéric Reiss

Séance en hémicycle du 3 juin 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Il était important d'apporter de nouvelles solutions dans le cadre de la mastérisation, mais je suis dubitatif s'agissant des écoles supérieures du professorat et de l'éducation.

Elles ressemblent fortement aux IUFM, avec, certes, un ravalement de façade. La formation intégrée à l'université aurait dû aboutir à une réflexion sur les liens entre recherche et éducation, véritables clés pour les progrès des élèves, comme le prouvent les résultats des pays qui ont fait ces choix comme le Canada et la Finlande.

La formation professionnelle des enseignants est primordiale pour l'école du XXIe siècle, qui est confrontée aux défis du numérique. Elle doit être initiale et, surtout, continue et adaptée à la jeunesse d'aujourd'hui. C'est une raison supplémentaire pour s'interroger sur l'évolution du service des enseignants. La lutte contre le décrochage scolaire doit aussi faire partie du bagage nécessaire aux enseignants d'aujourd'hui.

J'en viens à la dernière partie de cette motion : elle concerne la formation professionnelle des jeunes, cette fois.

À l'UMP, nous pensons que c'est une erreur de supprimer le dispositif d'initiation aux métiers en alternance en abrogeant la loi Cherpion. L'argument consistant à dire que trop peu d'élèves étaient concernés n'est pas recevable. À quatorze ans, les élèves sont encore soumis à deux ans d'obligation de scolarité. Les bons élèves – ceux qui sont à l'heure et n'ont aucun accident de parcours – entrent en troisième et se renseignent sur la voie qu'ils vont suivre au lycée. Mais 37 % des élèves de quinze ans ont déjà redoublé au moins une fois et, pour éviter qu'ils ne décrochent en fin de cinquième ou de quatrième, le dispositif d'initiation aux métiers en alternance pouvait être salutaire : les élèves restent sous statut scolaire et alternent entre des cours théoriques au collège ou au lycée professionnel et des périodes en entreprise, tout en consolidant le socle.

Ceci était en adéquation avec la loi Fillon, qui fixait au système éducatif l'objectif de garantir que 100 % des élèves aient acquis, au terme de leur formation, un diplôme ou une qualification reconnue. Cet objectif, monsieur le ministre, vous ne l'avez repris qu'en partie, et c'est bien dommage. Car, contrairement à ce que vous affirmez, laisser un jeune commencer un apprentissage à quinze ans lui permet de prendre confiance en lui et d'accéder à un meilleur niveau de formation. La mesure n'est pas coûteuse : pas de nouvel établissement à construire ni de recrutement massif d'enseignants à faire. Il s'agit d'un effort de personnalisation de l'enseignement, qui permet une adéquation entre l'orientation des élèves et le marché du travail. L'abrogation de ce dispositif, que vous qualifiez d'orientation précoce, est plus idéologique que pratique.

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