Intervention de François-Michel Lambert

Séance en hémicycle du 3 juin 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert :

Le chantier de refondation de l'école qu'a engagé le Gouvernement est un défi de taille. Il s'agit de revenir sur dix années de politique éducative conservatrice qui, loin de combattre les failles de notre système, les ont aggravées en reproduisant les inégalités sociales. Je fais ici référence à la création des internats d'excellence, à la déconstruction de la carte scolaire ou encore à la suppression des allocations familiales en cas d'absentéisme. Comme si tout cela pouvait permettre de bâtir une école meilleure !

Il est maintenant nécessaire de replacer l'école au coeur de notre République, en en faisant le fondement d'une société plus inclusive.

Notre contribution doit cependant dépasser cette simple logique de réparation. Nous devons créer, innover. Nous devons bâtir l'école de demain : une école au service de tous, qui place l'élève au coeur de ses préoccupations ; une école qui s'efforce de supprimer les inégalités sociales et territoriales ; une école qui donne aux générations à venir les moyens de relever les nombreux défis du XXIe siècle.

Puisque ce texte arrive en seconde lecture à l'Assemblée, l'occasion nous est donnée d'en dresser un premier bilan.

L'élaboration de ce texte a connu plusieurs séquences, qui ont chacune apporté leur lot d'améliorations et sur lesquelles je souhaiterais revenir.

Dès l'ouverture des débats, Barbara Pompili avait indiqué au ministre de l'éducation nationale que cette réforme bénéficiait du soutien déterminé des écologistes ; notre position n'a pas changé.

Les efforts budgétaires consentis malgré la crise, l'adaptation des rythmes scolaires aux besoins et aux capacités des enfants et l'augmentation du nombre de professeurs pour tendre vers « plus de maîtres que de classes » – je tiens à insister sur ces deux points, la restauration de la formation initiale dans le cadre des écoles supérieures du professorat et de l'éducation ou encore la scolarisation des moins de trois ans étaient des mesures nécessaires, qu'il convient de saluer.

Les écologistes ne se sont toutefois pas contentés de soutenir ce texte : ils l'ont également amendé, amélioré et ont été force de proposition tout au long de l'examen du texte. C'est ensemble, grâce à une collaboration que je salue, au gré de débats engagés et d'échanges parfois tumultueux mais néanmoins constructifs, que nous avons enrichi ce texte.

Avec le projet de loi qui nous est transmis aujourd'hui, l'école renoue tout d'abord avec sa mission d'inclusion. Elle redevient cet outil offrant aux citoyens en devenir l'opportunité de se réaliser socialement et professionnellement, quel que soit le milieu dans lequel les élèves évoluent. N'est-ce pas la raison d'être de l'école ? N'est-ce pas ce que nous voulons tous ?

Ensuite, l'école se dote de personnels plus nombreux et, surtout, mieux formés ; c'est précisément ce dont nous venons de débattre.

Enfin, l'école s'ouvre sur de nouveaux contenus – artistiques, citoyens et environnementaux – et sur de nouveaux acteurs – les familles et l'ensemble du monde de l'éducation. Cette ouverture lui permet de développer une gouvernance collective et décloisonnée. Ainsi l'école fait partie d'un tout, notre société.

Dans un second temps, la navette parlementaire a fait son oeuvre. Je tiens à souligner ici l'excellent travail de nos collègues écologistes au Sénat qui ont apporté des améliorations notables à ce texte. Elles concernent l'enrichissement des programmes par des enseignements nouveaux comme l'éducation à l'environnement et au développement durable dès l'école primaire ; la rénovation de notre modèle d'évaluation, rompant avec une tradition qui disqualifie et qui stigmatise, pour rendre le redoublement exceptionnel ; la participation des parents, quelle que soit leur origine sociale, aux différents projets de la communauté éducative, concept également important ; l'élaboration d'un modèle de validation des acquis au sein du Conseil supérieur des programmes ; enfin, l'amélioration de la formation des enseignants, en encourageant désormais la formation continue.

Au cours de la navette, nous avons également pu avancer sur l'enseignement des langues régionales, auxquelles vous savez que nous accordons beaucoup d'importance. Comme vous vous y étiez engagé, monsieur le ministre, elles ont désormais toute leur place dans la refondation de l'école, puisque pour la première fois l'enseignement bilingue en français et en langue régionale sera reconnu dans notre législation. Cette reconnaissance est bien tardive, mais nous la saluons.

Nous avons donc beaucoup avancé. Dans cette ultime séquence du processus législatif, les écologistes resteront néanmoins vigilants et proposeront à nouveau d'évoluer sur plusieurs points.

Je pense en particulier aux dispositions qui concernent les élèves en situation de handicap. Cette réforme est l'occasion de leur envoyer un signe fort. Près de 20 000 d'entre eux sont encore sans solution de scolarisation : nous ne pouvons pas nous accommoder d'un tel chiffre. Nous devons faciliter leur accès à l'apprentissage. Nous devons réformer le statut des auxiliaires de vie scolaire, qui font un travail difficile dans des conditions précaires et qui souffrent d'un manque évident de formation et de reconnaissance. Cette réforme doit être l'occasion de mettre à la disposition des élèves en situation de handicap des personnels formés et des programmes adaptés. Cette refondation ne doit laisser personne sur le bord de la route !

De la même manière, l'école doit être le lieu de l'éducation aux nouvelles connaissances et aux nouveaux supports auxquels nos enfants seront confrontés. Je fais ici référence à l'éducation aux supports numériques et à l'introduction à l'égalité des genres. En matière de programmes, l'école doit aussi être le lieu où il faut « apprendre à apprendre ».

Je crois par ailleurs que nous pouvons améliorer l'articulation du primaire et du secondaire en multipliant et en approfondissant les rapprochements pédagogiques entre l'école et le collège. C'est fondamental. À cet égard, Isabelle Attard et Barbara Pompili déposeront de nouveaux amendements, car nous avons la conviction que ce début de refondation de l'école est non seulement un ajustement nécessaire mais aussi une opportunité que nous devons tous saisir. Le groupe écologiste sera au rendez-vous.

Enfin, des bases ont été posées concernant les projets éducatifs territoriaux et la refonte du système de notation. Toutefois, beaucoup reste à faire pour que ces évolutions prennent corps de manière satisfaisante sur le terrain. Vous le savez, notre attente est forte tant sur la refonte des programmes que sur la mise en oeuvre réelle de l'innovation et de l'expérimentation pédagogiques.

Pour la première fois depuis longtemps, la jeunesse est érigée en priorité par l'exécutif ; plus que des chiffres, c'est ce que nous avons retenu du programme du Président de la République François Hollande. En outre, les budgets nécessaires à une refondation sont disponibles. Ne ratons donc pas cette occasion, ne passons pas à côté de ce texte et concrétisons le changement que nous avons amorcé avec nos collègues sénateurs.

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