Intervention de Marianne Dubois

Séance en hémicycle du 3 juin 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarianne Dubois :

Je ne parle pas des enseignants, car on ne gère pas des hommes et des femmes : on les dirige et on leur donne un cadre. On ne gère pas des enseignants, mais cette grande institution qu'est l'éducation nationale.

Oui, il faut gérer autrement, mais il faut surtout arrêter de se cacher dernière nos idéologies et accepter d'aborder la vraie raison de notre faillite : cette dernière est la conséquence de méthodes éducatives calamiteuses qui poussent chaque année 140 000 jeunes hors du système scolaire et les envoient sur le marché du travail sans qualification ni diplôme. Ne rencontrez-vous pas, comme moi, dans vos circonscriptions des enseignants qui vous interpellent sur ce sujet ? Ces enseignants se font très discrets pour appliquer des méthodes éducatives qui ont pourtant fait leurs preuves, mais qui restent proscrites par des idéologues de l'institution éducative. Voilà le vrai sujet d'une refondation, celui qui touche l'essence même de l'éducation.

Nous souhaitons donc refonder. Mais où est la refondation concernant, cette fois, l'accueil de nos enfants en situation de handicap ? Les bases ne sont-elles pas inscrites dans nos lois ? Ne devons-nous pas offrir à tous nos enfants un égal accès à l'école ? Nul besoin de refonder ou de le faire croire. Il ne s'agit ici que de mettre en place les moyens de cette ambition – je parle des moyens au service de cette ambition, mais aussi des moyens pour nous qui sommes chargés du contrôle des politiques publiques.

Encore un exemple de cette refondation dont nous n'avons pas besoin, sur un sujet qui me tient très à coeur : celui de nos enfants sourds et malentendants. Je le rappelle une énième fois : la langue des signes française est reconnue depuis la loi du 11 février 2005 comme une langue à part entière, alors que nous ne sommes pas, huit ans plus tard, en capacité de l'enseigner ou d'en organiser une sensibilisation dans nos écoles. Je vous ai entendus débattre des heures au sujet des langues régionales. Certes, ce sujet est important pour vos électorats locaux, mais pensez aussi à ces enfants dont on refuse le simple accès à l'éducation, et à ces parents qui doivent déménager à l'autre bout de la France, quitter travail, famille et amis pour pouvoir offrir une éducation adaptée à leurs enfants sourds.

En prémices de ce nouvel examen du projet de loi, je formule un voeu : celui qu'on cesse de se cacher derrière des mots. Notre pays n'a pas besoin d'une refondation de l'école : il a besoin que nous redonnions du sens à l'école. Pour ce faire, il faudrait, le temps de l'examen de ce texte, laisser tomber nos étiquettes et n'avoir à l'esprit que l'intérêt de nos enfants et de notre société. Mesdames et messieurs, chers collègues, l'avenir de nos enfants est entre nos mains.

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