Il s'agit de compléter l'alinéa 5 de l'article 3 A, qui indique que « tous les enfants partagent la capacité d'apprendre et de progresser ». Cette formulation ne pose pas de problème, sous réserve d'ajouter « tout en développant leur sens de l'effort ».
En voulant réécrire l'article L.111-1 du code l'éducation, on ouvre la boîte de Pandore. M. le rapporteur avait eu la sagesse de fermer le débat en première lecture, mais le Sénat a voulu le rouvrir : c'est pourquoi nous débattons aujourd'hui entre nous pour savoir s'il faut ou non ajouter le mot « effort ».
Il ressort très clairement de vos réponses que le mot « effort » est un terme négatif : il est vu comme une corvée, une contrainte. Or selon nous, il peut y avoir un plaisir de l'effort, le plaisir, après avoir oeuvré et tenté de faire le maximum, de réussir enfin quelque chose.
C'est ce plaisir de l'effort que nous souhaitons ajouter, car nous n'opposons pas effort et plaisir, comme notre collègue Mme Buffet l'a fait tout à l'heure.
La rédaction adoptée par le Sénat n'a fait qu'ouvrir des droits : relisez l'alinéa 5, il ne traite que de cela. Or une société ne peut être faite exclusivement de droits : il existe à la fois des droits et des devoirs. Si l'on ajoute des droits, il convient également de rappeler les devoirs, comme par exemple le devoir de faire l'effort d'apprendre.
Loin d'être purement théorique, ce texte contient des dispositions qui auront des répercussions : quand on supprime les devoirs à la maison, que fait-on si ce n'est amoindrir le sens de l'effort ? Quand on supprime les notations, que fait-on si ce n'est amoindrir le sens de l'effort ? Quand on supprime les redoublements, que fait-on si ce n'est supprimer le sens de l'effort ?
Cela fait ainsi écho aux débats très concrets que nous aurons : une école ne peut pas être faite que de plaisir et d'envie. Il en faut, bien sûr, mais il faut également rappeler ce sens de l'effort. Vous ne voulez pas le faire, c'est très clair : ce sont donc bien deux conceptions différentes qui nous opposent.