À mon tour de dire combien cette mission a été non seulement agréable, mais également chargée d'émotion. Nous avons revisité les cinquante dernières années de l'histoire de notre pays aussi bien d'un point de vue théorique qu'en nous rendant au sein des territoires, y compris en Algérie et au Maroc. Nous avons pu mesurer, notamment dans nos circonscriptions, les attentes suscitées par notre mission. Nous avons fait naître beaucoup d'espoirs. Les préconisations que formulera notre mission devront donc être traduites dans les faits.
À propos de l'aide à la réinsertion familiale et sociale, qui a été fréquemment évoquée tout au long de nos travaux, vous nous avez dit, madame la ministre, que vous étiez décidée à lui trouver une solution et que les expertises étaient en cours. Avez-vous mis au point un calendrier ou disposez-vous d'éléments permettant de penser que l'on aboutira très rapidement, dans l'année ou dans les mois qui viennent ?
À propos des procédures en cours, je ferai cette remarque : au cours de nos auditions, un moratoire nous a très souvent été demandé, et nous avons pu mesurer la détresse des personnes concernées, qui vivent ces situations comme une humiliation.
Madame la ministre, vous avez également abordé la question de l'accès aux droits dans le cadre du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion. Comment décliner ce plan à l'intention de ce public si particulier ? Faut-il prévoir une formation pour les travailleurs sociaux ? Comment mieux intégrer l'accompagnement des bénévoles ? Les associations nous ont fait remonter les difficultés qu'elles rencontrent parfois à rentrer dans les lieux et à y être acceptées, que ce soit dans les foyers ou dans les hôpitaux. Peut-on réfléchir au moyen de faire en sorte que les associations soient mieux acceptées ? Sans doute serait-il utile de travailler avec les consulats des pays concernés qui ont des travailleurs sociaux, en les mettant en relation avec les travailleurs sociaux de nos communes et de nos départements. Même si cela ne relève pas de votre compétence directe, comment, dans un plan pluriannuel, une telle démarche pourrait-elle être exprimée et impulsée ?
Se pose ensuite la question des maisons de retraite et de l'accompagnement des personnes devenues dépendantes. Pour toutes sortes de raisons, liées à l'histoire et aux traditions, il est parfois difficile à des personnes aidantes d'entrer dans l'intimité des immigrés âgés. Y avez-vous réfléchi ? Nous savons que les maisons de retraite sont peu fréquentées par les migrants âgés même si, financièrement, l'aide sociale permet de couvrir les dépenses qu'elles entraînent. Certaines associations ont demandé qu'il y ait des maisons de retraite spécifiques. Je ne crois pas que nous nous engagerons dans cette voie. Irons-nous, de ce fait, vers une transformation des foyers ? L'avez-vous imaginé ?
Je terminerai sur la question des conjointes ou, plus largement, des femmes immigrées âgées. Celles-ci vieillissent dans notre pays, avec de faibles pensions de réversion. Par rapport aux autres femmes âgées, elles ont la particularité de moins maîtriser la langue et d'être plus isolées. Nous savons que leur situation n'est pas simple. Mais nous aurions besoin de disposer d'éléments chiffrés et de statistiques pour mieux connaître cette population et mieux répondre à ses attentes.