Intervention de Denis Jacquat

Réunion du 28 mai 2013 à 16h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Jacquat, président :

Merci, madame la ministre, pour vos réponses. À moi de répondre à vos questions et à vos observations.

Le problème des « carrés musulmans » a été abordé lors d'une table ronde ici même. Nos interlocuteurs nous ont indiqué qu'à l'échelon national, il y en avait actuellement deux cents.

Ensuite, faut-il, dans notre pays, des maisons de retraite réservées uniquement aux personnes issues de l'immigration ? Des essais ont été effectués par Adoma. Avec le recul, on peut dire qu'ils se sont soldés par un échec.

S'agissant des maisons de retraites, je tiens à vous citer l'exemple de la commune mosellane de Woippy, qui compte 73 % de logements sociaux et dont la moitié de la population – soit 7 000 habitants sur environ 15 000 – est d'origine immigrée. Une seule personne d'origine algérienne s'est installée dans la maison de retraite construite il y a quelques années. Aucune personne originaire d'un État tiers à l'Union européenne n'est inscrite sur la liste d'attente, qui compte une centaine de noms. Et pourtant, la maison de retraite est située en plein coeur de la commune. En fait, il s'agit avant tout d'un problème culturel.

Les chibanis acceptent de vivre au sein de foyers, ce qui leur permet de vaincre l'isolement. Simplement, ils souhaitent avoir des logements plus grands, d'autant qu'ils savent qu'ils vont rester en France jusqu'à la fin de leurs jours, se contentant éventuellement d'effectuer des allers et retours au pays. Nous avons visité des foyers transformés en résidences sociales ou en unités de vie. Les travailleurs migrants en étaient globalement satisfaits, surtout dans la mesure où cela ne leur coûte pas trop cher. J'ajoute que certains organismes, parmi lesquels Adoma, ne font plus de contrats à l'année, mais des contrats de quatre mois, ce qui est compatible avec leurs faibles ressources. En fin de compte, la dignité que nous devons leur assurer passe par des conditions de logement adéquates.

Les services de l'État nous ont fait que l'on avait décidé il y a trente ans de construire des maisons de retraite en Lorraine, et notamment en Moselle, parce qu'il en manquait. Mais, à l'époque, les habitants d'origine italienne, très nombreux dans cette région, ne mettaient pas leurs parents dans les maisons de retraite. La société a néanmoins évolué et on trouve à présent dans ces établissements de nombreuses personnes d'origine italienne. De la même façon, j'imagine que dans quinze ou vingt ans, les personnes d'origine maghrébine ou malienne seront nombreuses dans les maisons de retraite.

Le problème des services à domicile et des services de soins a été également évoqué. Si les migrants âges n'y ont pas recours, c'est encore pour des raisons culturelles. Ils veulent très majoritairement être soignés par des membres de leur famille, principalement leur épouse qu'ils font venir. J'observe que ces femmes, souvent âgées, illettrées, ne connaissent pas la vie en France et parlent mal le français. Lorsqu'elles arrivent pour s'occuper de leur époux âgé et malade avec lequel elles n'ont jamais vécu plus d'un mois d'affilée, cela n'est pas toujours facile. Bien sûr, lorsque les immigrés âgés ne vivent pas en foyer mais en habitat diffus, cela ne se passe pas trop mal, dans la mesure où leur épouse et leurs enfants vivent avec eux. Il reste malgré tout beaucoup de migrants âgés isolés.

Pour dépasser cet obstacle culturel, nous pourrions proposer un service « à la carte ». Nous étudierons la question avec le rapporteur et les membres de la Mission. Nous l'avons déjà dit, dans vingt-cinq ans, ces personnes seront décédées. Mais il est de notre devoir de les aider maintenant qu'elles sont à la fin de leur vie, car elles ont contribué à la grandeur de notre pays.

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