Intervention de Xavier le Coq

Réunion du 29 mai 2013 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Xavier le Coq, secrétaire national en charge de l'industrie, Fédération de la métallurgie, syndicat national CFE-CGC sidérurgie :

Nous avons rédigé un document de synthèse que nous vous transmettrons.

Nous avons identifié, comme nos collègues, des problèmes transversaux auxquels sont confrontées les industries des trois métaux.

En premier lieu, les contraintes environnementales européennes – les quotas de CO2 et la réglementation « REACH ». Si leur bien-fondé ne peut être contesté, il est regrettable que l'Europe n'impose pas leur respect aux importations concurrentes de l'industrie européenne. Je sais que le Commissaire européen, M. Antonio Tajani, en a conscience pour l'acier mais les autres métaux peuvent aussi être concernés. La politique aux frontières européennes doit être réajustée.

En deuxième lieu, le coût de l'énergie va inéluctablement augmenter en France et dans les autres pays. Si le prix du kilowatt est inférieur en France à celui de l'Allemagne, les gros consommateurs allemands paient moins cher que les Français. Chacun sait que l'État et les Länder « subventionnent » le coût de l'énergie afin de favoriser les industries nationales. Si cet avantage permet à nos voisins de prendre des parts de marchés, l'industrie française va s'effondrer.

En troisième lieu, la structure de l'actionnariat est source de difficultés. Il faut en la matière s'intéresser aux petits groupes, nombreux dans la filière du cuivre. Outre KME, d'autres entreprises sont en danger : le groupe Griset a ainsi été cédé pour un euro symbolique à un fonds d'investissement allemand qui n'investit pas : l'usine vit sur le stock de cuivre évalué à 35 millions d'euros dont elle disposait au moment de la vente. Il faut prendre garde à ce que les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ne passent pas sous le contrôle de fonds d'investissement dont la stratégie de retour sur investissement à court terme n'est pas compatible avec le temps long de l'industrie métallurgique. Ascometal, qui appartient au fonds Appolo Global Management, serait également dans une situation difficile car les exigences de rentabilité des investisseurs ne sont pas satisfaites.

L'innovation et la R&D sont indispensables pour que l'industrie française dans son ensemble se positionne sur des produits à forte valeur ajoutée. À cet égard, il faut faciliter l'accès des PME et ETI au crédit d'impôt recherche.

Le recyclage est un domaine d'avenir : la moitié de l'aluminium recyclé en France est fondu hors de nos frontières. La France dispose de gisements de matières premières secondaires. Il faut donc veiller à structurer ces filières.

La métallurgie et la sidérurgie sont confrontées à un papy boom. Il convient d'anticiper les évolutions et de rendre attractive les filières en s'appuyant notamment sur le tutorat et les contrats de génération. Il faut aussi que les formations proposées par l'enseignement supérieur soient adaptées aux besoins de l'industrie. Aujourd'hui, certains postes ne sont pas pourvus faute de candidats qualifiés. Il faut améliorer l'image de l'industrie et tordre le cou aux clichés en montrant nos belles usines.

L'installation du treizième comité stratégique de filière du Conseil national de l'industrie que les organisations syndicales réclament de longue date suscite de fortes attentes de développements concrets. Il y a beaucoup à faire. Des groupes de travail ont été créés sur l'aluminium pour répondre à l'urgence. Dans la période de récession que connaît l'Union européenne, l'industrie de première transformation souffre beaucoup car elle dépend fortement de la relance de l'économie.

L'avenir de la filière du cuivre est préoccupant qu'il s'agisse de la fonderie de Givet dont le groupe KME se désengage ou du groupe Griset. Il faut être attentif aux décisions des fonds d'investissement – dont le seul objectif est la rentabilité à court terme – qui pourraient s'avérer dramatiques pour la filière.

Les fonderies d'acier ou de fonte sont souvent des PME qui travaillent pour le secteur automobile ou aéronautique. Il faut favoriser l'innovation, à laquelle le centre technique des fonderies concourt, par le biais du crédit d'impôt recherche. Or, le Conseil national de l'industrie qui analyse actuellement les aides publiques à l'industrie s'interroge sur le financement des centres techniques des fonderies. Il faut être prudent avec ces outils mutualisés qui permettent aux PME d'accéder à l'innovation. Leur remise en cause fragiliserait ces entreprises.

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