Intervention de Walter Broccoli

Réunion du 29 mai 2013 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Walter Broccoli, secrétaire FO Florange :

Je suis heureux de vous faire partager les sentiments de salariés encore engagés dans la lutte et les négociations sociales.

Un constat : c'est fini ! Les hauts fourneaux de Florange sont définitivement hors service ; ils ne redémarreront pas. Le projet LIS et l'implantation d'un démonstrateur évoquée par certains ne créera pas d'emploi et, en tout état de cause, ne concernera pas l'acier.

Je vous livre le point de vue d'un simple syndicaliste sur la situation de la sidérurgie. ArcelorMittal ce sont trois usines sidérurgiques françaises, deux depuis que Florange est devenue une usine métallurgique.

Le plan industriel de M. Mittal détruit l'usine de Basse-Indre et menace ses 550 emplois ainsi que ce qui reste de l'usine de Florange. Les incohérences sont nombreuses et mettent en péril les usines. L'exemple du transfert des bobines d'acier jusqu'à Basse-Indre est édifiant. Le plan impose de déplacer 1 800 tonnes de bobines par jour au mépris des problèmes de transport et de qualité alors même que cette quantité correspond au minimum vital pour le fonctionnement de l'usine de Basse-Indre.

Le patron du site de Florange, M. Pierre-Henri Orsoni, qui est directeur général d' ArcelorMittal Atlantique et Lorraine nous a expliqué que si le plan ne pouvait pas être appliqué, il ferait machine arrière en juillet 2015 : une incohérence de plus, mais je pourrais vous en citer beaucoup.

Contrairement aux apparences, l'usine de Fos-sur-Mer est aussi en danger parce qu'elle est mise en concurrence avec des usines espagnoles où les coûts sont inférieurs de 10 %. La délocalisation de la production est en cours. L'usine de Fos-sur-Mer ne peut pas être bénéficiaire si elle ne produit pas quatre millions de tonnes par an. Or, elle n'y parvient pas aujourd'hui.

La situation ne dépend que d'une seule personne, M. Mittal, qui met le bazar et tout le monde le laisse faire ! Il vient à l'Assemblée nationale donner un cours d'économie dans lequel il vante le coût du travail en Chine à trois euros de l'heure. C'est inacceptable ! Le Gouvernement avait la possibilité d'intervenir, il ne l'a pas fait. Tant pis ! Nous avons tourné la page. Mais aujourd'hui, il faut penser aux autres usines sidérurgiques françaises qui sont en péril. Il faut agir sinon nous le regretterons demain.

La seule solution pour sauvegarder un semblant d'industrie française consiste à fermer les frontières européennes. Chacun en convient. Quelle que soit la stratégie retenue, sans protection douanière permettant de freiner les importations – chinoises, russes et coréennes –, l'industrie est condamnée. Pour la première fois l'année dernière, grâce à M. Mittal, la France a importé de l'acier de Russie. Personne ne s'en émeut mais ce n'est qu'un début !

La fameuse « loi Hollande » ou « loi Florange » protégeant les sites rentables doit être votée. Florange a toujours été rentable mais une usine qui ne fonctionne pas ne peut pas faire de bénéfices ! Il faut poursuivre les discussions avec les organisations syndicales sur ce texte car certains points ne sont pas satisfaisants.

La R&D est très importante. Le financement du centre de recherche d'ArcelorMittal a été divisé par deux. Quinze millions ont été octroyés à ArcelorMittal au titre du projet LIS qui ne sera pas créateur d'emplois pour la sidérurgie : il s'agit encore d'un cadeau pour M. Mittal. Je comprends qu'il faille aider la recherche fondamentale mais je ne crois pas au projet LIS. Le projet ULCOS était viable, nous y travaillions depuis des années et pourtant il a été retiré du jour au lendemain.

En matière d'emploi, en réponse au papy boom, il faut embaucher et inciter les jeunes à venir travailler dans ce secteur. Certains le souhaitent déjà mais ne peuvent pas y entrer. Ce problème mérite d'être étudié.

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