Intervention de éric Cruchet

Réunion du 29 mai 2013 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

éric Cruchet, secrétaire général de la Fédération nationale CFTC des syndicats de la métallurgie et parties similaires, FM-CFTC :

Il est difficile d'intervenir en dernier. La CFTC se réjouit de la création de cette commission d'enquête et souhaite vivement qu'elle donne lieu à des actes forts et non à un énième rapport finissant dans un tiroir.

L'industrie sidérurgique s'apparente au cadavre qui bouge encore. Le leadership français a disparu laissant la place à la mainmise de fonds de pension recherchant avant tout une forte rentabilité. Outre l'absence de véritables capitaines d'industrie porteurs d'une vision à long terme, on constate un désengagement flagrant dans la R&D ainsi qu'un manque de confiance et d'espoir de la part des salariés, qui entraînent une perte de compétence et de savoir-faire.

L'industrie souffre aussi d'un important déficit d'image. Il sera difficile de convaincre les salariés de s'engager dans cette voie s'ils n'ont pas l'assurance de trouver un emploi pérenne.

Plusieurs freins ont été évoqués : le coût de l'énergie dans le cas de l'aluminium, l'environnement qui est certes une force de l'Europe mais qui impose des contraintes aux seuls Européens et pas à nos concurrents.

Il existe de nombreuses petites fonderies très spécialisées, indépendantes mais qui ne savent pas travailler ensemble pour répondre aux besoins des donneurs d'ordre. Elles vivotent sur des niches. Le problème de la reprise de ces petites entreprises va se poser dans les prochaines années si l'on veut éviter qu'elles ne tombent entre les mains de fonds de pension étrangers.

Une enquête évalue les besoins en recrutement à 120 000 personnes par an dans la métallurgie. Parallèlement, le nombre de salariés va diminuer de 1,5 à 1,3 million. Le paradoxe de la métallurgie tient donc à ce qu'on détruit des emplois alors qu'on a besoin de recruter. Nous sommes inquiets pour l'avenir de la métallurgie. A-t-on le droit de mentir aux salariés ou de proposer des perspectives d'avenir ? Nous croyons que notre responsabilité est de proposer des perspectives mais pour quel avenir ?

Nous proposons la création d'une véritable filière de branche de l'industrie avec des droits et des devoirs. Il y a encore trop de frontières étanches entre les filières. Nous souhaitons la mise en place de passerelles permettant de garantir des emplois, une mutualisation des formations et un renforcement de l'apprentissage dès quinze ans. Enfin, nous souhaitons qu'une véritable filière de recyclage puisse voir le jour.

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