Intervention de Philippe Bonnot

Réunion du 29 mai 2013 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Philippe Bonnot, responsable syndical CGT Aperam, filière Inox :

Bien que la situation d'Aperam à Gueugnon ne soit qu'un exemple régional, sans doute peut-on le transposer assez largement à toutes les entreprises ici représentées aujourd'hui dans le secteur de la sidérurgie. La CGT d'Aperam entretient bien entendu des contacts avec des collègues syndicaux européens. Nous disposons de moyens administratifs par l'intermédiaire des comités centraux et des comités d'entreprise européens. Malheureusement, lorsque nous formulons des propositions d'évolution, les élus du personnel – que ce soit au niveau des comités d'entreprise, des comités centraux d'entreprise ou des comités européens – n'ont qu'un pouvoir d'information. Vous, mesdames et messieurs les députés, qui avez été élus par le peuple français, avez la possibilité de légiférer. Nous, les élus du personnel, avons certes le droit de donner notre avis mais il n'a de valeur que consultative. Il convient donc de nous conférer les moyens d'intervenir au coeur des entreprises et des groupes.

Faire changer les lignes, cela ne consiste pas uniquement à fermer les frontières européennes ou à instaurer des taxes mais à changer le système. Car en fermant ces frontières, il est possible que nous devenions plus compétitifs sur un point particulier. Mais si nous laissons les seules responsabilités des entreprises stratégiques à des capitalistes tels que Lakshmi Mittal, nous ne ferons que freiner les choses. Il est donc nécessaire de permettre à l'État et aux organisations syndicales de prendre part aux grandes décisions.

Quant à l'éventuel rachat du site de Terni par Aperam, j'ai lu dans la presse que la décision n'était pas encore arrêtée. À la CGT, nous sommes donc en train de prendre contact avec nos camarades italiens et essayons de ne pas nous mettre en concurrence avec les 2 800 salariés de Terni. Il est tout à fait bénéfique que nous cherchions à instaurer une coopération afin que la décision finale n'ait pas d'impact social sur les travailleurs de Terni ni d'Aperam. Gueugnon et Terni ne sont pas des sites en concurrence. C'est pourquoi nous nous efforçons, en lien avec les syndicats et personnels, de remettre en cause le rapport de force – seul réel moyen d'intervenir dont nous disposions –, de faire prendre conscience de la nécessité pour nous de coopérer, et de relayer nos positions par le biais de cette commission d'enquête, afin qu'elles soient prises en compte au niveau législatif.

S'agissant du fonctionnement interne de ces groupes, des personnes telles que Lakshmi Mittal y trichent tous les jours en pratiquant la fraude aux accidents du travail : les personnes qui se blessent subissent en effet fréquemment des pressions afin d'éviter que des accidents du travail ne soient déclarés. Or les entreprises qui fraudent bénéficient par ailleurs de subventions.

Enfin, en ce qui concerne l'embauche, il est évident que nous devrions rendre nos métiers plus attractifs. Une telle attractivité ne sera cependant effective que si l'on cesse de détruire des emplois à longueur d'année : pour le seul site de Gueugnon, nous étions encore plus de 1 200 salariés il y a cinq ou six ans ; or, nous ne sommes plus que 800. Même si une convention de revitalisation a été conclue dans le secteur à la suite d'un plan social, pour trouver des personnes à embaucher, il ne suffit pas de proposer des formations ; encore faut-il aussi que les gens sachent qu'ils pourront peut-être trouver un travail. Or, ils n'en ont absolument pas la garantie.

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