Intervention de Patrick Auzanneau

Réunion du 29 mai 2013 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Patrick Auzanneau, délégué central CFDT ArcelorMittal :

Si les jeunes ne sont pas forcément intéressés par nos métiers, c'est d'abord parce que les conditions de travail sont dures dans le secteur de la métallurgie et encore davantage dans le secteur de la sidérurgie – dans les métiers du chaud comme dans les aciéries et les hauts-fourneaux, notamment – où la majorité des emplois qui sont proposés supposent de travailler le week-end et les jours fériés puisque les usines tournent 365 jours par an. En outre, l'évolution de carrière y est relativement plate pour la majorité d'entre eux.

Je partage l'idée que les centres de formation doivent être implantés à proximité des lieux de production, mais ce n'est pas forcément parce que ce n'est pas le cas que les centres ne se remplissent pas : lors de la fermeture de Gandrange en Lorraine, en contrepartie, un CFAI a été mis en place à Yutz – tout à proximité des usines sidérurgiques de Lorraine. Or, s'il s'est plutôt bien rempli la première année, c'est une catastrophe cette année-ci : au mois de juin, alors que nous en arrivons quasiment à la fermeture des inscriptions, celles-ci ne correspondent même pas à la moitié de notre potentiel de formation. Car lorsqu'on explique aux jeunes que même s'ils s'inscrivent dans un centre de formation, ils ne seront pas embauchés par l'entreprise qui les forme, comment pourraient-ils en avoir envie ? Il conviendrait d'imposer des règles claires aux entreprises qui, actuellement, font travailler ces jeunes gratuitement pour la plupart, les faisant remplacer des salariés en contrat à durée indéterminée.

Ayant visité un centre d'apprentissage avec des amis de l'IG Metall lors d'un déplacement en Allemagne, j'ai constaté que le système y est complètement différent du nôtre : ces centres se trouvent en effet dans l'entreprise et les jeunes qui s'y forment ont la garantie d'obtenir un emploi au terme de leur formation. Ce sont en effet les entreprises qui déterminent en fonction de leurs besoins le nombre de personnes à former. Nous, en revanche, formons à des métiers qui ne sont pas nécessairement demandés par les entreprises puisque nous offrons des formations très générales et non spécialisées.

Aujourd'hui, lorsqu'il y a du travail, les entreprises embauchent des intérimaires – souvent des jeunes sans qualification d'ailleurs – payés au lance-pierre. Et en période de creux, on licencie. Le système ne permet donc plus d'offrir des contrats à durée indéterminée comme par le passé.

Enfin, lorsque des salariés partent à la retraite, ils sont très peu remplacés. On crie victoire chez Arcelor lorsque des embauches sont annoncées à Dunkerque ou à Fos, sauf que lorsque l'on embauche 200 personnes, il y a 400 départs à la retraite ! Ce n'est pas ainsi que l'on pérennisera ces installations.

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