Intervention de Jean-Michel Boqueret

Réunion du 29 mai 2013 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Jean-Michel Boqueret, responsable syndical CGT Constellium, filière Aluminium :

Je présenterai deux exemples concrets des risques de disparition ou de diminution des programmes de R&D.

Le premier concerne la vente de l'usine de Saint-Jean-de-Maurienne par Rio Tinto, qui risque d'entraîner la séparation du laboratoire et de l'usine, et donc d'isoler ce centre de recherche. Le problème lié à la recherche et à la vente de technologie menées par Rio Tinto sur le site de Voreppe demeure lui aussi sans réponse, d'autant plus qu'il est fort probable, dans un avenir proche, que Rio Tinto se désengage complètement du secteur de l'aluminium primaire en France. On peut en effet supposer que le groupe appliquera le même remède à Dunkerque qu'à Saint-Jean-de-Maurienne. Or il ne nous paraît pas possible de poursuivre la R&D dans un pays où un groupe n'a plus aucune assise industrielle. Il convient donc, selon nous, d'adosser la R&D restant en France aux deux sites industriels français de Dunkerque et Saint-Jean-de-Maurienne. Car, si depuis 2005 et le rachat de Pechiney par le Canadien Alcan, une bonne partie de cette recherche a traversé l'Atlantique, nous continuons à disposer de compétences de recherche développées et qui ont fait leurs preuves. Pechiney demeure en effet le principal producteur d'aluminium dans de nombreuses parties du monde et 80 % des usines d'aluminium de la planète ont été conçues à partir de la technologie française créée et brevetée à Saint-Jean-de-Maurienne.

Le second exemple est celui de Constellium : délaissant aujourd'hui certaines activités, le groupe a récemment décidé de céder son activité française d'extrusion bâtiment, qui se situe dans deux établissements : l'un à Ham, dans la Somme, et l'autre à Saint-Florentin, dans l'Yonne. Ces sites, qui ont toujours été secondés par des centres de recherche et des compétences d'assistance technique, se retrouveront demain isolés puisqu'ils seront rachetés par un fonds financier qui ne leur présentera pas de synergie avec d'autres activités ni aucune possibilité de continuer à bénéficier d'une assistance technique et d'une R&D dignes de ce nom. Surtout, rien n'oblige le repreneur ni le vendeur à assurer cette prestation à ces usines.

Quant au thème du dialogue social, les entreprises du jeune groupe Constellium – qui n'a que deux ans à peine – ont toujours appartenu auparavant à de grands groupes industriels. Elles sont donc marquées par une forte culture de dialogue social. Or, l'actionnaire majoritaire de Constellium est un fonds financier qui se moque éperdument de ce dialogue si bien qu'en deux ans, le traitement des organisations syndicales et des instances représentatives du personnel a radicalement changé, celles-ci ne bénéficiant plus d'aucune information. Cela nous fait un drôle d'effet compte tenu de notre longue expérience en la matière. C'est désormais par les médias que nous apprenons le devenir ou la cotation en bourse de notre groupe ou encore la répartition de son capital !

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