Intervention de Sylvain Rameau

Réunion du 29 mai 2013 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Sylvain Rameau, délégué syndical, Aperam Gueugnon :

Comme il existe trois sites importants travaillant les inox et les hauts nickels dans un rayon de 100 kilomètres, il serait possible de créer des synergies entre eux afin de développer des formations aux métiers de l'inox – même s'il conviendra sans doute d'y garantir le renouvellement des compétences – ainsi qu'aux métiers qui utilisent ce matériau, c'est-à-dire la chaudronnerie et la métallerie. Nous manquons effectivement en France de métalliers sachant utiliser et souder l'inox. Ce serait donc là un moyen pragmatique de redensifier la formation dans nos régions, sachant que les jeunes que l'on forme demeurent généralement sur leur lieu de formation. Des entreprises de métallerie pourraient ainsi essaimer sur nos sites en perte d'emploi.

S'agissant du cas de Terni-Aperam, il était question, dans le premier scénario de fusion des inox d'Outokumpu et de Thyssen, de fermer deux aciéries. Dans le second projet, sans doute les Allemands ont-ils exercé des pressions car il fut cette fois question de céder Terni. Nous nous retrouvons donc face à une alternative : soit Aperam peut acheter le site de Terni – à condition que l'on obtienne le visa de la Commission européenne – soit un producteur asiatique, coréen par exemple, le fera. Cette deuxième solution, véritable porte d'entrée en Europe pour les industriels asiatiques, ne serait guère bénéfique à nos sites européens. L'un des enjeux majeurs consiste donc sans doute à s'assurer que la Commission européenne accordera son visa.

Quant à la prise de participations, sans doute avons-nous la chance que comme pour le « Canada Dry », Aperam soit un peu ArcelorMittal mais pas tout à fait. La direction d'Aperam indique que si cette opération a lieu, ce sera grâce à un appel aux marchés – c'est-à-dire aux capitaux extérieurs. Voilà sans doute une opportunité intéressante. Reste à savoir comment négocier et gérer cette prise de participations.

À l'heure actuelle, les importations chinoises bénéficient dès le départ d'un avantage de 200 euros à la tonne grâce au coût des matières premières qu'elles utilisent et dont l'élaboration, réalisée en Chine, est extrêmement polluante. Nos entreprises risquent donc d'exercer une pression sur nos fournisseurs de nickel afin qu'ils trouvent d'autres voies d'élaboration de ces matières premières qui seront tout aussi polluantes – car ne faisant pas appel à la R&D. Nous encourons donc un risque d'exportation de pollutions.

Quant à limiter ces importations, je rappelle que sur le marché européen, elles s'élèvent à 25 % pour l'inox qui est un matériau à forte valeur ajoutée. Elles se sont accélérées dernièrement car le marché chinois est déprimé. Peut-être le facteur coût entraînera-t-il une augmentation du prix des plats carbones et d'autres matériaux. L'un des moyens de l'éviter consisterait à faire payer à la Chine le CO2 émis lorsque ses produits pénètrent les frontières européennes.

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