Intervention de Philippe Wahl

Réunion du 5 juin 2013 à 10h00
Commission des affaires économiques

Philippe Wahl, président du directoire de la Banque postale :

Oui, nous avons en effet étendu notre champ d'intervention au financement de l'économie. Nous ne le pouvons que depuis peu : ce n'est qu'en septembre 2011 que nous avons été autorisés à prêter aux personnes morales, et donc aux entreprises. Notre création est récente, mais notre activité dans ce secteur l'est par conséquent plus encore !

Au cours de ces deux années, nous nous sommes attachés à avancer de façon très progressive : nous avons commencé par le crédit-bail mobilier avant de passer au crédit-bail immobilier, puis à l'affacturage et aux facilités de caisse. Le crédit aux entreprises est en effet une activité complexe et risquée et il faut du temps pour apprendre à bien connaître les entreprises, à apprécier leur viabilité et la qualité de leurs dirigeants, de manière à leur être utile. Cela étant, au terme de ces deux ans, les financements que nous avons accordés aux personnes morales dépassent les deux milliards d'euros.

Mais, l'an dernier, le déploiement de cette offre aux entreprises est passé au second plan, l'État et les collectivités locales nous ayant demandé de venir au secours de ces dernières, acculées depuis 2011 dans une impasse financière. Nous avons donc dû, à partir de rien, nous doter du savoir-faire et des équipes nécessaires. En juin 2012, nous avons consenti les premiers crédits de trésorerie et, en novembre, les premiers financements à moyen et long termes. Depuis le début de cette année, nous sommes devenus un acteur à part entière du financement des collectivités. Grâce à cette action, jointe à celles de l'État, de la Caisse des dépôts, de la BPI et des autres banques, on ne devrait bientôt plus avoir à parler d'impasse financière dans ce domaine : les collectivités devraient trouver en 2013 des réponses à tous leurs besoins de financement. Les élus reconnaissent d'ores et déjà que la liquidité est de retour sur ce marché.

Cette intervention est, pour La Banque postale, un moyen majeur de contribuer au financement de notre économie et, en particulier, des PME, les collectivités locales étant, comme vous l'avez rappelé, monsieur le président, à l'origine de 70 % de l'investissement public.

Ce déploiement est, je le répète, progressif et prendra donc du temps car le métier de banquier des PME est un métier complexe. Nous l'avons conduit en nous appuyant sur des partenariats : avec France Active, avec France Initiative, avec l'ADIE et avec le réseau Entreprendre, mais aussi, afin d'aller plus vite dans la mise au point de nos produits, avec la Société générale pour ce qui est du crédit-bail mobilier, avec le Crédit mutuel Arkéa pour ce qui est du crédit-bail immobilier et avec le Crédit mutuel CIC pour l'affacturage.

Je voudrais pour terminer soulever un point plus général, qui concerne autant le législateur que le banquier qu'est La Banque postale : avec Bâle III, le régulateur a fait un choix plus favorable au financement de l'économie par les marchés que par les banques.

On peut distinguer deux grands modèles en la matière : le modèle anglo-saxon, dans lequel ce financement repose pour les deux tiers sur les marchés, et le modèle d'Europe continentale, dans lequel ce sont les institutions financières – en grande majorité, les banques – qui apportent ces deux tiers. Le nouveau cadre de régulation, par les pondérations en capital dont il est assorti, donne la priorité aux marchés : c'est là un effet paradoxal de la crise, et une évolution dans laquelle le banquier continental et le banquier public que je suis ne peut voir un bien. Je ne suis pas sûr en effet que ce soit conforme ni à la culture ni au fonctionnement des économies continentales, mais surtout le danger est grand pour les PME, qui peuvent difficilement accéder aux marchés.

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