Intervention de Christian Pfister

Réunion du 5 juin 2013 à 10h00
Commission des affaires économiques

Christian Pfister, adjoint au directeur général des statistiques de la Banque de France :

En dépit de leur sécheresse, les chiffres confirment en effet, pour l'essentiel, les propos tenus par les précédents orateurs.

Alors qu'à la fin d'avril, dans l'ensemble de la zone euro, les crédits consentis par les banques aux entreprises avaient diminué de 1,9 % en un an, on constate en France, au cours de la même période, une progression de 0,9 %. Celle-ci est de 0,4 % en Allemagne, mais l'Italie et l'Espagne ont, elles, connu des baisses sensibles, respectivement de 4,1 % et de 9 %.

La croissance, au demeurant modérée, de ces crédits dans notre pays s'explique par deux facteurs principaux. Tout d'abord, par la baisse de la demande des entreprises, notamment des PME : en réponse à l'enquête mensuelle sur la distribution du crédit, les banques ont signalé avoir été légèrement moins sollicitées en avril ; de leur côté, les quelque 3 000 interrogées par la Banque de France déclarent que leurs besoins de financement restent faibles, du fait du ralentissement de l'activité. Cette atonie frappe la demande aussi bien de crédits d'équipement que de crédits de trésorerie. Cependant, ces PME ne font pas état de difficultés particulières pour obtenir des crédits d'investissement : 87 % des crédits demandés avaient été accordés, au premier trimestre de cette année, en totalité ou, au moins, à 75 %, contre 88 % un an plus tôt. Pour les crédits de trésorerie, les pourcentages étaient, respectivement, de 68 % et de 72 %.

Deuxième facteur : les grandes entreprises tendent à accroître leur recours au financement par les marchés. En avril, l'endettement à l'égard de ceux-ci avait crû de 8,5 % en un an, ce qui est un taux de progression élevé. Les grandes entreprises, mais aussi certaines entreprises de taille intermédiaire (ETI), mettent ainsi à profit des taux historiquement bas : depuis la fin de 2011, elles procèdent à une substitution, dans leur passif, des émissions de titres à des emprunts bancaires. Le même phénomène s'observe en Allemagne, mais quasiment pas en Espagne et peu en Italie car, dans ces deux pays, le marché de la dette privée est peu développé.

Dans l'ensemble, les conditions de financement des entreprises françaises sont plutôt avantageuses. Le taux d'intérêt moyen qu'elles obtiennent est plus bas que dans les autres pays de la zone euro, notamment pour les PME. Pour les crédits de montant unitaire inférieur à un million d'euros, il s'établissait en effet à 2,87 % en avril, contre 3,60 % un an plus tôt et 3,75 % en moyenne dans la zone euro, en mars – les chiffres pour avril ne sont pas encore connus. Nous le devons au bon fonctionnement des canaux de transmission de la politique monétaire, par rapport à la situation qui prévaut dans les pays périphériques de la zone euro.

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