Notre attitude à l'égard du marché intérieur du carbone est assez contradictoire puisque nous acceptons d'être vertueux en matière climatique – sans avoir conscience d'ailleurs que l'efficacité énergétique constitue l'un des secteurs les plus créateurs d'emplois en Europe – tout en refusant dans le même temps d'accomplir les efforts nécessaires pour y parvenir. Nous assistons par conséquent à une telle fuite en avant que la fonte des glaces est perçue comme une opportunité d'accéder à des sources d'énergie au pôle Nord, alors même que la Hollande risque de disparaître d'ici peu sous les eaux. L'augmentation de 6 degrés Celsius de nos températures entraînerait en effet une très forte montée des eaux.
Si je ne parle que de l'Europe, d'autres pays devraient pourtant également se sentir concernés. Mais, en portant toute notre attention sur la Chine, nous oublions que l'Inde, le Brésil et d'autres pays moins avancés constitueront eux aussi d'importants émetteurs de gaz à effet de serre.
L'Europe est-elle capable d'anticiper le problème, notamment dans sa pratique ? Ne disposant que de très peu voire d'aucune énergie fossile, est-elle en mesure de réaliser des efforts supplémentaires en faveur de l'efficacité énergétique ? Comment améliorer le fonctionnement de notre marché d'émissions de carbone, aujourd'hui moribond, et ainsi envoyer des signaux positifs à ces pays, sachant que l'abandon des quotas de carbone dans les transports aériens constitue une véritable reculade ? L'Union européenne peut-elle aller de l'avant plutôt que de réagir en forteresse assiégée ? De quelles marges de manoeuvre disposez-vous pour véhiculer ce message d'ici aux élections européennes de 2014 ? Vous êtes en effet vous-même tout à fait investie, convaincue et convaincante sur le sujet.