Soyez la bienvenue, madame Aubry. Vous êtes la représentante spéciale pour la diplomatie économique avec la Chine, pays que vous connaissez bien pour y avoir effectué plusieurs voyages en tant qu'élue. Vous êtes maire de Lille, et l'agglomération lilloise a participé à l'exposition universelle de 2010 à Shanghai.
Comment voyez-vous aujourd'hui les relations bilatérales – commerciales et industrielles – entre la France et la Chine, ainsi que l'insertion de ce pays dans l'économie mondiale ? Nos entreprises profitent de la croissance chinoise : 10 000 d'entre elles exportent en Chine – ces exportations, en forte augmentation, ont crû de près de 12 % l'an dernier – et 2 200 y sont implantées, employant plus de 500 000 personnes. Notre relation reste en revanche très asymétrique : le déficit commercial de la France à l'égard de la Chine atteint 26 milliards d'euros et notre part du marché chinois – 1,27 % – demeure quatre fois moindre que celle de l'Allemagne.
Depuis la reconnaissance de la Chine populaire par le général de Gaulle en 1964, nos relations politiques avec ce pays n'ont cessé d'être excellentes ; en témoigne la récente visite du Président de la République à Pékin, où vous l'avez accompagné. Michel Destot, rapporteur de notre mission d'information sur la Chine présidée par Patrice Martin-Lalande, a également pris part au voyage. Comment profiter de ce contexte favorable pour développer nos relations économiques ? La désignation des représentants spéciaux peut-elle nous y aider ? Quelles opportunités l'économie chinoise offre-t-elle à notre pays ?
L'insertion de l'économie chinoise dans les échanges mondiaux pose de sérieux problèmes : son poids est tel qu'une simple annonce de la contraction de son activité a suffi à provoquer un krach à la bourse japonaise. Par ailleurs, dix ans après l'entrée de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), les sujets de préoccupation ne manquent pas. Le pays est régulièrement accusé de dumping, comme récemment sur les panneaux solaires. Face aux mesures prises par l'UE, la Chine réplique par une enquête sur les vins européens, alors que l'exportation du vin de Bordeaux – Alain Juppé l'a rappelé dans le cadre de sa mission en Chine – nourrit l'économie de cette région. Parmi les autres problèmes, notons les engagements chinois plus que sommaires en matière environnementale, la question du travail forcé des prisonniers, la valeur du yuan et les multiples barrières dans le domaine des marchés publics et des services.
La Chine reste d'ailleurs écartée des grandes négociations commerciales. L'accord de libre-échange transpacifique que les États-Unis proposent aux autres pays asiatiques est clairement tourné contre elle. Quant à l'UE – qui en a conclu un avec la Corée du Sud et souhaite négocier avec les États-Unis et le Japon –, elle n'envisage pour l'heure qu'un simple accord sur les investissements avec la Chine.
Nous comptons sur vous pour nous éclairer sur toutes ces questions.