Vous avez évoqué l'absence d'incurie et d'incompétence et même parlé de belle réussite de la « manoeuvre RH » : ces appréciations me laissent perplexe.
Le rapport du général Lapprend était très critique sur Louvois et indiquait un certain nombre de risques. Il y a eu des réductions d'effectifs dans les CTAC avant la mise en service et les moyens humains et financiers ont été nettement insuffisants pour mettre en oeuvre le logiciel : on a du mal à comprendre comment des personnes ayant les pieds sur terre ont pu prendre la décision de lancer celui-ci ! On a l'impression que tous les voyants s'allumaient au rouge les uns après les autres et qu'on a décidé d'aller quand même dans cette voie, en fonçant dans le mur en klaxonnant !
J'ai du mal à accepter qu'on m'explique, audition après audition, que tout allait très bien, qu'il n'y avait pas de raison de ne pas mettre en oeuvre le système, qu'il n'y a pas de responsabilité ni de coupable et que, finalement, cela était inéluctable.
Je suis très sceptique sur vos explications. Ceux qui ont pris les décisions à l'époque ont fait de graves erreurs. Cela m'inquiète qu'ils continuent à en prendre, d'autant que ces erreurs ont coûté fort cher. Au-delà des indus, il faut en effet tenir compte de tout le temps consacré aux rectifications.
De plus, on a toujours de gros doutes sur le calculateur de Louvois : des difficultés commencent à apparaître pour les paies de la marine et on a le sentiment qu'au fur et à mesure qu'on corrige des erreurs, de nouvelles anomalies surviennent, laissant penser que le logiciel ne sera jamais fiable. Certains comptent sur l'ONP. S'agissant d'un retour en arrière, on nous dit qu'il faut deux ou trois ans avant de tout remettre en état. Je suis très inquiet sur le processus de prise de décision dans nos armées et très critique sur la façon dont tout cela a été conduit.