Intervention de Denis Baupin

Réunion du 11 juin 2013 à 16h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

Mon sentiment sur le débat sur la transition énergétique reste positif : il a permis de montrer que nos choix concernant notre bouquet énergétique ne sont pas le fruit de la fatalité. Ce débat, qui a permis de faire émerger, comme le rappelait le président Chanteguet à l'instant, des consensus comme celui de la sobriété et de l'efficacité énergétiques, se poursuivra naturellement au Parlement.

Il ne s'agit pas d'organiser la récession, comme certains voudraient nous le faire croire, mais bien d'augmenter la productivité de notre économie. Ce n'est pas un hasard si le Royaume-Uni ou l'Allemagne se sont fixé pour objectif de diviser par deux leur consommation d'énergie d'ici 2050 : nous devrions faire de même.

S'agissant de la mobilité, question cruciale, nous soutenons le développement de la voiture propre que le Premier ministre a évoquée ce matin : cela nous paraît essentiel pour progresser. Nous soutenons, de la même façon, le développement des énergies renouvelables, d'abord pour leur aspect environnemental et indolore pour les ressources, mais aussi parce qu'elles constituent un levier très puissant de création d'emplois. En Allemagne, le secteur emploie déjà 390 000 personnes quand la filière nucléaire n'en fait vivre que 60 000 en France… Nous devons agir, dans un contexte de croissance faible, pour favoriser la création de tels emplois, qui constitueront des ressources – non délocalisables – pour les territoires, plutôt que de dépenser des milliards à importer des énergies fossiles.

Le montant de la facture énergétique, dans la situation économique très fragile que nous connaissons, ne doit pas être oublié. Quel sera-t-il ? La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a rappelé récemment que le prix de l'énergie est appelé à augmenter. Comment faire pour que la facture du consommateur diminue lorsque le coût global d'une énergie augmente ? En faisant le choix de l'efficacité énergétique, justement, car elle offre l'avantage de faire baisser la consommation dans un contexte haussier, et donc de permettre en fin de cycle une limitation du tarif acquitté par le consommateur.

S'agissant de l'avenir du nucléaire, cette question demeure primordiale. Nous sommes liés par l'engagement du Président de la République, dont nous pensons qu'il va dans le sens d'une plus grande sûreté et d'une moindre vulnérabilité de notre système électrique à l'énergie nucléaire, qui l'alimente à hauteur de 75 %. Notre pays se trouvant seul dans cette situation, peut-être l'évolution à laquelle nous sommes favorables – la réduction de la part du nucléaire dans la production électrique – pourrait-elle faire consensus ? Quoi qu'il en soit, la question de la durée de vie des réacteurs – j'ai vu que le président Chanteguet a pris position dans l'introduction du rapport – se pose : nous estimons que leur prolongation au-delà de trente ans n'est pas souhaitable.

La question du rythme de la transition énergétique revêt une importance centrale : nous aurons l'occasion d'en débattre lors de l'examen du futur projet de loi.

On parle beaucoup d'acceptabilité des énergies renouvelables, mais il faut s'interroger sur celle de toutes les énergies. Nous avons l'impression qu'il y a là une bonne illustration du « deux poids, deux mesures » : nous avons accepté sans problème 200 000 pylônes supportant des lignes à haute tension sur le territoire national, mais 20 000 éoliennes seraient aujourd'hui inenvisageables. Pour évoquer les gaz de schiste, pensez-vous que nos compatriotes seraient prêts à voir un derrick au fond de leur jardin ?

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